Franchement, quand j’ai vu tout ça, j’étais sur le cul ! La confidence de Jean-Maurice Belayche a le mérite de la franchise et de la clarté. Lorsqu’il a découvert l’hôpital de Thouars, il a dû se frotter les yeux pour y croire. Le producteur de cinéma, dont la société Nompareille productions est basée à Saumur, venait de solutionner un épineux problème : trouver un décor hospitalier adapté pour tourner quelques scènes du film Umami no tabi.
Cette coproduction internationale, mise en scène par le réalisateur Slony Sow et à cheval entre France et Japon, est portée par un casting premier choix : Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Pierre Richard, Antoine Duléry ou encore le jeune Rod Parradot, récemment récompensé d’un César et d’un Molière (lire ci-dessous). La plupart d’entre eux ont donc fait un passage de quelques heures vendredi à Thouars, Depardieu en tête, accompagnés par Jean-Maurice Belayche.
« Comme si le décor était fait sur mesure pour le film… »
« En fait, nous devions tourner ces scènes à l’hôpital au mois de mars, à l’hôpital de Doué-en-Anjou, raconte le coproducteur. Puis la décision du confinement est tombée et le tournage s’est brutalement arrêté. » Dans ce contexte pandémique, difficile d’imaginer tourner dans un « vrai » milieu hospitalier.
« Avec le réalisateur, reparti au Japon, on a alors cherché partout, sans succès. Il y avait urgence, car on ne pouvait pas risquer d’avoir des problèmes de raccord lors du montage. Et puis un jour, un vendeur spécialisé en matériel médical, venu d’Angers livrer une chaise spéciale pour Gérard Depardieu en prévision du tournage, me dit qu’il était à l’hôpital de Thouars récemment et qu’une aile d’un bâtiment venait tout juste d’être désaffectée… » Depardieu sur le billard
Le hasard fait bien les choses. Jean-Maurice Belayche noue le contact avec le centre hospitalier Nord-Deux-Sèvres. Il trouve une oreille attentive auprès d’Éric Meynard, directeur du site de Thouars, qui facilite l’opération. « J’ai alors découvert un décor vraiment extraordinaire, comme s’il avait été fait sur mesure pour le film. Il y avait même un bloc opératoire en parfait état. Sans parler des couloirs très photogéniques. »
Au total, quatre scènes importantes, montrant un Depardieu hospitalisé et opéré, ont été mises en boîte à Thouars. Il n’y en aura pas d’autres pour ce film. Mais à l’avenir, le producteur saumurois ne dit pas non… « Il m’est déjà arrivé de tourner dans le nord des Deux-Sèvres, il n’y a donc aucune raison de ne pas y revenir. Il y a de si beaux endroits et tellement de possibilités pour le cinéma dans notre région. C’est justement pour les mettre en valeur que je suis devenu producteur. »
« Gérard apporte du génie »
Après Thouars, direction Oléron ! Jean-Maurice Belayche faisait hier voiture commune vers la côte avec l’immense Pierre Richard. Dans Umami no tabi, ce dernier campe un ostréiculteur, meilleur ami de Gérard Depardieu qui, pour sa part, incarne un restaurateur triplement étoilé, « peut-être le meilleur chef du monde », résume le co-producteur. Mais qui va devoir apprendre à se réinventer après un infarctus, une opération et un voyage salvateur au Japon… Alors, il est comment le camarade Depardieu sur un tournage ? « J’ai déjà mené plusieurs projets avec lui, c’est quelqu’un d’extraordinaire, témoigne Jean-Maurice Belayche. Il apporte du rythme, du génie, il amène tout le monde à se dépasser, notamment les jeunes comédiens. J’ai rarement vu quelqu’un avec une telle présence, une telle énergie. Quand il aime un tournage, on peut dire qu’il le sublime. »