En permaculture et plus largement en jardinage naturel, la paille est une matière organique fréquemment utilisée comme mulch. De cet usage ont découlé les termes paillage et paillis aujourd’hui repris pour parler de couverture de sol même quand celle-ci n’est pas faite de paille. Il n’est donc pas toujours évident de savoir à quoi s’en tenir quand vient le moment de choisir une couverture de sol pour son jardin. Aussi, parmi tous les paillages existants, cet article fait un focus sur la paille, ses caractéristiques, avantages et inconvénients pour vous permettre d’y voir plus clair.
Quelles sont les caractéristiques de la paille pour le paillage du jardin ?
La paille n’est pas le foin La paille est constituée des tiges sèches de diverses céréales cultivées pour leurs grains et de celles de quelques légumineuses. Les principales céréales qui fournissent la paille sont :
L’orge et l’avoine qui donnent de la paille creuseLe blé d’hiver qui donne de la paille plus ou moins creuseLe blé dur, maïs et sorgo qui donnent de la paille pleineLe riz
On ne confondra pas la paille et le foin. Ce dernier provient de la fauche de pâtures ou de prairies naturelles avec des plantes sauvages diverses. Le foin a donc une composition bien différente de la paille et peut contenir des résidus de graines si on le fauche tardivement. Pour en savoir plus, découvrez notre article sur le foin en paillage !
La paille, un sous-produit de l’agriculture
La paille en tant que résidu valorisé des récoltes peut être utilisée dans différents domaines tels que la litière et l’alimentation des animaux, les sources d’énergie (biomasse), comme matériau de construction, ou fabrication du papier.
En tant que matière organique sèche, la paille est adoptée par de nombreux jardiniers pour servir de mulch et donc contribuer à protéger le sol et la vie qu’il héberge.
Une des caractéristiques principale de la paille, sa tendance carbonée Comparé à d’autres ressources de paillage, la paille affiche un rapport C/N (Carbone / Azote) montrant une prédominance du carbone :
Pour la paille d’avoine, de seigle et d’orge, le rapport C/N = environ 50 à 65 c’est-à-dire qu’il y a 50 à 65 unités de carbone pour 1 unité d’azote. Pour le blé, le rapport C/N = 120 à 150 (120 à 150 unités de carbone pour 1 unité d’azote).
Où se procurer de la paille pour pailler son jardin ?
En direct des agriculteurs La paille se trouve majoritairement chez les agriculteurs car très peu de particuliers disposent du matériel et de suffisamment de céréales pour réaliser leur propre botte de paille. Il y en a qui vont jusque-là dans leur auto-suffisance, mais cela reste rare d’autant plus que l’équipement est assez onéreux !
La plupart des utilisateurs se contenteront donc d’acheter de la paille pour jardin auprès de récoltants ou de fermiers voisins.
Quel conditionnement de la paille choisir ?
Les gros ballots ronds de paille :
très volumineux puisqu’ils peuvent peser jusqu’à 300 kg.difficiles à stockerouverture et retrait de petites quantités de paille parfois difficileconditionnement le plus économique au niveau tarifaire.
Les bottes de paille :
transport plus facileplus pratiques à stockerplus faciles à ouvrir et utiliserplus chères qu’un gros ballot quand on ramène au prix au kg
En jardineries et magasins spécialisés
Avec l’engouement pour le jardinage naturel et la permaculture, les grandes enseignes de jardinerie proposent depuis quelques années de la paille, souvent de blé, conditionnée en emballage carton ou plastique avec des quantités allant généralement de 2 jusqu’à 15 kg. Cependant, ramené au prix au kilogramme ou au litre, cela revient vraiment très cher comparé à l’achat de ballots ou de bottes auprès d’un agriculteur car le prix au kg en jardinerie peut osciller entre 1,40€ et 2,50€ sans pour autant avoir la garantie d’une paille de qualité exempte de produits chimiques nocifs !
Les petites annonces en local
On trouve aussi sur les sites de vente de proximité de nombreuses petites annonces de botte de paille à vendre et même de ballot de paille XXL.
Aussi gardez un oeil sur les affichages et petites annonces chez votre pépiniériste ou votre maraîcher local car il arrive que ces derniers développent des partenariats avec des agriculteurs du coin pour vous proposer de la paille de qualité à tarif intéressant. En plus, par ce biais, vous saurez d’où vient cette paille et pourrez vous assurer qu’elle est saine.
Et si vous ne trouvez pas ce genre d’annonce chez vos pépiniéristes ou maraîchers préférés, vous pouvez peut-être leur souffler l’idée ou leur demander simplement s’ils ont des contacts à vous communiquer.
Quel prix pour la paille ?
Les prix sont très variables, en fonction de l’année mais aussi du conditionnement, du type de culture dont elle provient et de la qualité de la paille qui sera plus chère notamment si elle est issue de l’agriculture biologique.
Par exemple, en direct avec un agriculteur, le prix d’un gros ballot de paille de 300 kg peut aller de 15 jusqu’à 50 € selon les cas.
Quant aux petites bottes de paille de 12 à 15 kg, elles peuvent se trouver à partir de 2 ou 3 € même celles provenant de l’agriculture raisonnée.
Quels sont les avantages d’épandre de la paille pour le jardin ?
La paille constitue un paillis léger qui se décompose assez rapidement en nourrissant la vie du sol même si ses apports nutritifs au sol sont relativement faibles comparés, par exemple, à un paillage de BRF.
Ses avantages restent intéressants.
Intérêt économique de la paille :
La paille présente l’énorme avantage d’être très bon marché et accessible à la plupart des budgets. C’est résolument un paillage économique.
Disponible partout en France :
Sauf en cas d’aléas climatiques graves, la paille peut se trouver dans la plupart des régions de France y compris celles qui ne sont pas réputées pour être des greniers à céréales.
Facilité de mise en place :
Le paillage de paille ne nécessite aucune transformation, ni matériel particulier. Des mains et une fourche suffiront bien souvent à son installation dans votre jardin.
La paille est un paillage polyvalent au jardin :
Il convient aussi bien au paillage du jardin d’ornement que du jardin potager, des haies et du verger.
Intérêt esthétique de la paille :
Le tapis de paille apporte de jolies nuances dorées dans un jardin ou un potager. Les fraisiers paillés ont aussi belle allure avec leur couleur verte tranchant avec les nuances claires de la paille.
Effet protecteur du sol et des cultures :
La paille partage cet avantage avec la plupart des paillis végétaux. En couche assez épaisse d’au moins une dizaine de cm, elle protège la vie du sol des intempéries, du vent ou des chaleurs excessives.
Elle protège également les plantes du froid car c’est un bon isolant.
C’est d’ailleurs pour cela que depuis des siècles, la paille est aussi utilisée dans la construction, par exemple via la technique du torchis où elle est mélangée à de la terre argileuse.
La paille retient l’humidité :
En retenant l’humidité au sol, elle réduit les besoins en arrosage, à condition d’être suffisamment épaisse..
Peu de risque de fermentation :
Puisqu’elle est une matière sèche à la base, la paille ne menace pas de fermenter, ni même de monter en température. Elle n’engendre pas la formation de plaques comme pourraient le faire les tontes de pelouse ou certains autres paillis organiques frais.
Un entretien réduit :
Une fois mise en place, elle ne nécessite aucun entretien particulier. Il suffit de veiller à ce qu’elle soit en quantité suffisante et donc juste d’en rajouter quand la couche initiale a été bien “digérée” par la vie du sol.
Eviter le pourrissement des fruits et légumes poussant à ras-le au sol :
Epandue autour des jeunes végétaux au moment de leur plantation, elle évite aux futurs fruits d’être en contact direct avec la terre, ce qui peut entraîner leur dégradation avant récolte. On pense notamment aux plantations de fraisiers.
Réduire les salissures :
La paille réduit notamment les éclaboussures de terre ou de boue dues aux précipitations.
Les inconvénients de la paille en paillage Peut contenir des traces d’intrants chimiques :
Provenant principalement de l’agriculture, la paille peut bien sûr contenir des résidus de traitements chimiques. On vous conseille donc, au maximum, de rechercher de la paille issue de l’agriculture biologique ou à minima de l’agriculture raisonnée pour éviter d’apporter dans votre jardin des substances indésirables qui pourraient perturber la vie dans votre sol.
La paille bio est parfois difficile à trouver :
Trouver de la paille bio à proximité de chez soi peut être un véritable casse-tête. Pourtant, si on s’ancre dans une démarche permaculturelle, on ne souhaite pas introduire les produits chimiques dans son jardin. Pour trouver de la paille bio, il faudra donc souvent faire marcher le bouche à oreille et vous appuyer sur les associations et réseaux locaux pronant une agriculture paysanne bio ou raisonnée afin de trouver le fournisseur idéal pour vous.
Et si, à défaut d’autres matières organiques disponibles en quantité suffisante, vous devez vous rabattre sur de la paille issue de l’agriculture conventionnelle, ayez conscience de cette problématique et pesez bien le pour et le contre avant de vous décider.
Peu nourrissante pour le sol :
Utilisée seule, la paille n’amendera que très peu le sol qu’elle recouvre et pourra même entrainer une faim d’azote dans un sol carencé. Combinée avec des déchets verts, la paille deviendra un apport plus équilibré. On peut aussi prévoir plusieurs arrosages de vos cultures ainsi paillées avec des purins végétaux (ortie, consoude) ou avec votre urine pour ramener de l’azote et bien d’autres nutriments (phosphore, magnésium, potassium…) dans votre sol et ainsi compenser les déficiences de la paille.
Dès le phénomène de décomposition de la paille bien avancé, ce déficit en azote ne sera plus à craindre.
La paille reste bien évidemment plus nutritive qu’un paillage minéral d’ardoise ou une bâche plastique !
La paille s’envole :
Quand le vent souffle, la paille encore bien sèche a tendance à s’envoler !
Il suffira de maintenir ce paillage par des branchages ou des galets ou encore de bien entremêler les couches. Un bon arrosage lui évitera aussi de s’envoler au gré du vent.
Certains types de pailles peuvent avoir des effets allélopathiques : C’est le cas notamment de la paille de seigle ou de la paille d’avoine qui sont capables d’inhiber la pousse de certaines adventices (plantain, herbe à aiguilles), mais aussi de plantes cultivées comme le riz et les tomates. Ces effets peuvent être amplifiés si l’agriculteur chez qui vous l’achetez utilise un anti-germinatif.
Notre avis sur le paillage à base de paille
Ce n’est clairement pas notre paillage favori surtout quand il est utilisé seul. Mais la paille en tant que mulch reste quand même une option intéressante au jardin en permaculture notamment car on peut en trouver en grande quantité à moindre coût. Cependant, il est important de bien vérifier sa provenance et ses conditions de culture avant de l’utiliser à tout va chez vous !
Enfin, c’est en respectant le principe de permaculture “favoriser la diversité” y compris dans vos paillages que vous rendrez le mieux service à votre sol donc pensez toujours à diversifier vos apports et donc à ne pas utiliser que de la paille pour vos couvertures de sol.
Vous pouvez, par exemple, mélanger votre paille avec du compost, du fumier composté, des matières vertes à tendance azotée telles que des tontes de pelouse, des déchets de cuisine, des coupes de végétaux ressources comme la consoude ou les orties. Vos apports au sol seront ainsi plus équilibrés et plus nourrissants ce qui vous donnera des plantes plus fortes en bonne santé et des récoltes plus belles et plus riches en nutriments !