Neuf mois après l’attribution d’une parcelle, à Tours-Nord, Catherine et Éric jettent l’éponge. Leurs méthodes naturelles ne font pas l’unanimité.
Tout juste le temps de déguster leurs fraises et courgettes et de mettre en bocaux les concombres. Il n’y aura pas de récolte 2021 pour Catherine et Éric, couple de Tourangeaux à l’approche de la cinquantaine, qui a décidé de rendre les clés de sa parcelle n° 11, rue Daniel-Mayer à Tours-Nord. Un jardin familial de 200 m2, attribué en février par la Ville de Tours, et géré par l’amicale des Jardins ouvriers Saint/Symphorien-Sainte-Radegonde. Catherine, propriétaire d’une petite maison de ville à côté de la gare de Tours, avait fait une demande de jardin familial auprès de la mairie il y a cinq ans. Pour la journaliste spécialisée dans l’environnement, cette attribution était une véritable aubaine.
« J’ai rencontré énormément de jardiniers au cours de mes reportages. La théorie, je maîtrise. Je voulais mettre en pratique ces connaissances, m’investir. »
« Revenir à une culture conventionnelle »
Et ce sont notamment les méthodes naturelles, proches de la permaculture, qui intéressent le couple. « On a récupéré une parcelle en friche, il y a eu beaucoup de travail de préparation. Un mois plus tard est arrivé le confinement. » Déconfinés, les jardiniers reprennent chaque week-end le chemin de leur parcelle, grelinette en main. « On a planté des courges, des betteraves, des artichauts, des poivrons, des patates… en s’inspirant des méthodes de la permaculture. » Forcément, le lopin de terre de Catherine et Éric ne ressemble pas à celui des voisins, « visuellement, ce n’est pas un jardin à la française », reconnaît la journaliste. « En mai, on a reçu un premier coup de fil de l’Amicale pour nous dire que notre jardin n’était pas beau, qu’il n’y avait pas de fleurs. On paillait nos cultures, on utilisait des bouts de bois recyclés pour serrer les tuteurs de nos tomates… Ce n’était pas à leur goût. » L’été venu, le couple ne baisse pas les bras et profite de ses premières récoltes. Les relations de voisinage sont bonnes, « les jardiniers du site souriaient un peu en voyant notre façon de faire, différente, mais aucun ne s’est jamais plaint », assure Catherine. C’est donc la douche froide lorsqu’elle découvre le courrier adressé par la présidente de l’Amicale, Laurette Forestier, mi-novembre.
Les graines qui s’échappaient de nos plantes polluaient nos voisins
Catherine, Tours
« Elle nous a écrit pour nous dire que notre démarche ne correspondait pas aux critères de culture du site, que les graines qui s’échappaient de nos plantes polluaient nos voisins, et nous demandait de revenir à une culture conventionnelle. » La présidente conclut sa lettre en précisant que leur année probatoire, sera reconduite pendant un an.
Catherine est déçue par l’attitude de la présidente. Elle a décidé de rendre les clés de son jardin. « Je n’aime pas le conflit et je ne voulais pas poursuivre dans un climat délétère. » Si elle a choisi de parler de son expérience, au grand jour, c’est pour faire évoluer les pratiques. « Il y a un décalage entre le livret remis par la Ville de Tours, et qui traite notamment de la permaculture, et la réalité. Ça laisse songeur sur l’acceptabilité sociale des cultures non conventionnelles… » Catherine a pris contact avec la mairie de Tours. Elle sera reçue par une élue écologiste, courant décembre.