La transition agroécologique d’Anthony Paillier sera mise en lumière sur son exploitation, le mardi 15 décembre. L’agriculteur de La Peyratte expliquera les clés d’une mutation réussie.
Quatorze ans déjà qu’Anthony Paillier s’est installé. Et, depuis, l’exploitant agricole de La Peyratte est passé d’un monde à l’autre. Durant les premières années, « j’étais très dépendant des fournisseurs pour le fourrage et les concentrés. J’étais très intensif. » Son exploitation, qui rayonnait alors sur 42 hectares, avait un cheptel de 550 brebis.
Le contexte économique et une prise de conscience individuelle l’ont rapidement orienté vers une autre voie, celle de l’extensification, d’abord à travers le pâturage tournant. « Je travaille à des prairies de qualité depuis dix ans. L’herbe est essentielle à l’élevage. » Elle représente d’ailleurs désormais 95 % de ses 117 hectares. Anthony Paillier a réduit son cheptel à 350 brebis et y a associé la production d’une vingtaine de vaches de race parthenaise.
« Utiliser des produits phytosanitaires, ça me chagrinait… »
Logiquement, Anthony Paillier a commencé à se préoccuper de ses intrants. « Utiliser des produits phytosanitaires, ça me chagrinait… » Lui qui développe particulièrement la vente directe s’est aussi nourrie des échanges avec les consommateurs et a compris dans quelle direction il devait aller.
L’implantation de prairies sous cultures lui a permis de gagner en efficacité dans l’organisation du pâturage tout en réduisant ses charges de mécanisation, en canalisant les adventices. Le travail du sol reste minutieux et nécessite d’adapter ses dates de semis et ses mélanges prairiaux.
La qualité finale reste, pour Anthony Paillier, une idée fixe. En 2015, Anthony a opté pour les Mesures agro-environnementales (MAE) et s’est inscrit dans une démarche sur cinq ans « qui m’a permis d’ouvrir les yeux ». Le passage à la bio était l’étape suivante naturelle. « J e suis en conversion depuis l’an dernier. En mai prochain, toute l’exploitation sera officiellement bio, les animaux comme les cultures. »
Économiquement, ce nouveau modèle se traduit par « une réduction des charges et une meilleure marge brute » sur sa production. Les semis se font notamment avec « des outils à faible coût », explique celui qui est aussi le président-fondateur d’une Cuma. La mutualisation de matériels spécifiques permet « d’améliorer l’agronomie des sols avec des outils de fissuration et de semis simplifiés. » La démarche nécessite de l’organisation, de l’anticipation même sur les plannings de pâturage. Mais la satisfaction est au rendez-vous. « Je suis autonome depuis trois ans. »
Mais Anthony Paillier admet ne pas avoir encore trouvé son rythme de croisière et cherche toujours à peaufiner ses pratiques, notamment pour réussir l’engraissement des animaux en perdant le moins de temps possible. Si cette mutation est le fruit d’une réflexion personnelle, notamment sur le rapport au temps de travail, Anthony Paillier a aussi été conforté dans son choix par divers retours d’expériences à travers des visites proposées par le Civam du Haut Bocage. « Si c’est possible chez les autres, je me suis dit : pourquoi ne pas aller vers des systèmes plus vertueux et viables ? » C’est aussi le message qu’il transmettra à ceux qui découvriront sa ferme, mardi prochain.
À savoir : « montrer que ça marche et rassurer »
La journée « Terre à terre » organisée mardi 15 décembre prochain de 10 heures à 16 h 30 par le Civam (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) du Haut Bocage, sur l’exploitation d’Anthony Paillier (NDLR : lieu-dit La Ménardière à La Peyratte), sera axée sur les leviers disponibles pour atteindre l’autonomie alimentaire.
Trois ateliers tournants seront mis en place : « supprimer les intrants grâce à sa rotation culturale » ; « sécuriser l’implantation des prairies multi-espèces grâce à la pratique du semis sous couvert » ; « diversifier ses ressources fourragères pour s’adapter au changement climatique, tout en renforçant son degré d’autonomie alimentaire ».
Le but, à travers cette visite, est de « montrer que ça marche et rassurer », insistent François Marquis et Lucille Piton, du Civam du Haut-Bocage, qui ont accompagné 260 fermes depuis 2015. « On sent une dynamique chez les éleveurs qui s’interrogent sur leurs pratiques et recherchent l’autonomie décisionnelle. Les chemins à parcourir sont différents selon d’où on part. Il n’y a pas de recettes toutes faites. Il faut tenir compte du contexte pédoclimatique, en particulier. »
Réservations au 05 49 81 80 29 ou par mail : contact@civamhb.org ; déjeuner à base de produits locaux (17 €).