Les repas des fêtes arrivent à grands pas. Des vignerons du Thouarsais livrent leurs conseils de choix de vins.
La période des fêtes approche. En dépit du contexte sanitaire actuel – ou peut-être grâce à lui – les Français qui auront la chance de se retrouver en famille ou entre amis vont pouvoir se faire plaisir pendant les repas. Pour accompagner les plats, il n’apparaît pas nécessaire de prendre des flacons venant de contrées lointaines. On a tout ce qu’il faut en Thouarsais, de l’apéro jusqu’au dessert ! Nous avons demandé à plusieurs vignerons de sélectionner trois cuvées de leurs domaines afin de proposer des mariages mets et vins heureux.
Un repas fait d’huîtres, de chapon et d’une bûche au chocolat. On soumet l’idée à Benoît Blet, le maître de céans du domaine des Terres-Blanches à Oiron (commune déléguée de Plaine-et-Vallées). Qui s’en empare avec plaisir.
Pour les huîtres, je proposerai la cuvée Les 3 Poiriers millésime 2019. C’est un chenin. Les raisins ont été vendangés à la main, il s’agit d’un deuxième trie. Les raisins sont jaunes, très dorés. Le pressurage est direct, doux et lent ; il n’y a pas de débourbage, ce qui fait que le vin s’écoule directement en barriques. Les vins sont assez riches et aromatiquement très complexes. On retrouve des arômes de fruits blancs très mûrs. Il y a une belle salinité et de la fraîcheur au final. La mise en bouteilles est intervenue en septembre 2020, un an tout juste après la récolte, décrit-il.
Pour le plat de résistance, Benoît Blet note que tout dépend comment on prépare le chapon. Mais bon, il faut rester dans de très belles cuvées. La cuvée, Les Hautes bruyères me semble tout indiquée. Ce sont les plus vieilles vignes de cabernet franc du domaine. Elles ont 70 ans. C’est un terroir très caillouteux ; les raisins sont très petits, légèrement flétris. Les élevages sont très longs, de l’ordre de 30 mois. On commence à vendre nos 2017. Les fruits sont très noirs, presque confiturés. La bouche est torréfiée, chocolatée. Les vins sont à leur apogée : ils sont denses avec une grande générosité. Il préconise de servir ce vin dans le plus beau des contenants : un magnum !
Enfin, pour la partie sucrée du repas, le vigneron souhaite rester sur le côté digest en proposant une bulle, un pétillant naturel qui va ramener de la vivacité. Ce sera la cuvée L’Ancestral blanc brut, élaboré à partir de chenin. On fait encore nos propres bulles dans nos caves. Le remuage, le dégorgement se font ici. Il n’y a pas de rajout de liqueur d’expédition. Tout ceci amène de la finesse dans la bulle. C’est un produit gastronomique.
Le domaine est ouvert sur réservation au 06 10 55 51 05.
Un liquoreux 2016 pour démarrer
Allez, on varie un peu les plaisirs. Ernest Schmale se plie de bonne grâce au petit jeu des alliances gustatives. Lui, il aura à marier un foie gras et un gibier et à proposer une touche finale au repas avec des cuvées de son domaine de Bouillé-Loretz (commune déléguée de Loretz-d’Argenton).
Le liquoreux 2016, une cuvée dénommée Le tri des coteaux du Thouet et de l’Argenton, ira très bien avec un foie gras. Ce vin a trois ans de bouteille. Déjà, on peut même le servir à l’apéro ! 2016, c’est assez frais et pas trop puissant, décrit-il. Pour le plat de résistance, Ernest préconise de servir son anjou-villages 2019. C’est quelque chose qui sort de l’ordinaire… Il y a beaucoup de fruits, de la puissance, les tannins sont arrondis. Il ne faut pas qu’il soit servi ni trop tempéré ni trop chaud. Avec un gibier, ce serait très bien.
Enfin, le vigneron bouillavin, qui, en temps normal aime bien servir un demi-sec avec un dessert, adopte une autre attitude pendant les fêtes. Si on veut un vin après le repas… et après le café, un verre de crémant ira très bien. Le blanc, fait à partir de chenin, est vif et sur la fraîcheur. Quant au rosé, réalisé à partir de cabernet, il est beaucoup plus enrobé. Libre à chacun de choisir sa couleur pour poursuivre la soirée…
Le domaine est ouvert. Sur réservation au 05 49 67 04 49.
On ne se perd pas en chenin
Sébastien Prudhomme, du Domaine de la Roche-Lambert à Mauzé-Thouarsais, commune déléguée de Thouars, propose un crémant brut maison à l’apéro. Il vaut mieux éviter de le servir avec un dessert, il y a effectivement un écart trop important avec le sucré, dit-il. Son crémant est un assemblage de trois cépages, le chenin, le chardonnay et le cabernet franc. Le chenin, c’est la trame ; le chardonnay apporte le côté aromatique et le cabernet franc, le charnu. Ce crémant est brut, pas chargé comme des vins sucrés, décrit-il.
Le vin blanc du domaine peut accompagner une large palette de plats. Il va très bien avec tout ce qui est fruits de mer et poissons. Lui aussi peut être servi à l’apéro ainsi qu’avec des fromages (NDLR : le mariage vin blanc/ fromage de chèvre par exemple est divin). Les raisins très mûrs que nous avons récoltés donnent beaucoup de gras et de rondeur. Ce chenin, récolté à la main, est très pur et riche en alcool. Cette cuvée est dénommée Chenin du plaisir. Il ne nous reste que les millésimes 2015, plus sec, et 2016, plus sur la rondeur, note-t-il.
Pour un mariage avec une belle viande rouge de fêtes, voire aussi avec quelques fromages, Sébastien Prudhomme opte pour son anjou rouge 2016. La fin de fermentation s’est faite en fût. Le vin a ensuite connu 18 mois d’élevage en barriques. Ce sont des vins avec matière et sans agressivité, non marqués par le bois mais avec un arôme de vieillissement. Ce cabernet franc a été récolté sur le schiste de Soulbrois, conclut le vigneron thouarsais, dont une partie du vignoble est en conversion bio (premiers vins bio à la récolte 2022).
Rendez-vous au domaine du lundi au samedi sur rendez-vous au 05 49 96 64 18.
Sauvignon, anjou-villages et crémant rosé
Gilles Lemoine tient avec son frère Alain le Domaine de la Gachère à Saint-Pierre-à-Champ, commune de Val en Vignes. Pour accompagner des coquilles saint-Jacques, il choisit un sauvignon 2020. On commence juste à le mettre en vente. Il y a un côté fruit exotique qui se marie très bien avec les produits de la mer. Il n’a pas d’acidité tout en étant sec. Il présente aussi une très belle longueur en bouche.
Quel vin servir avec un magret de canard sauce poivre vert ou grand veneur ? Le vigneron a la réponse : Un anjou-villages irait bien avec. Cette cuvée des Jumeaux 2019 est un pur cabernet franc. On est sur le fruit noir, le cassis. Pour aller avec un tel mets, il faut un vin qui ait de la matière. Nous le vendons depuis le 1er décembre. Ce sont les plus vieilles parcelles du domaine qui n’offre pas forcément un gros rendement mais des vins concentrés, décrit-il. La Cuvée des Jumeaux peut aussi fort bien fonctionner avec un gigot d’agneau… La Gachère n’a pas de vin pour s’allier avec un dessert sucré. Gilles Lemoine recommande un crémant de Loire rosé pour digérer ou à prendre juste avant le dessert. Ce millésime 2018, à base de cabernet franc, n’est pas acide du tout et est très fruité.
Le domaine est ouvert tous les samedis et dimanches du mois de décembre. Sur réservation au 05 49 96 81 03.
Indispensable Cuvée du Toarcien
Bruno Basset est l’un des patrons du Clos des Motèles, à Sainte-Verge. Pour lui, l’anjou blanc sec 2019 du domaine peut créer une union de choix avec des fruits de mer. Ce vin est assez fruité et souple, sans être agressif. Il est 100 % chenin. On peut le boire dès maintenant et le conserver aussi quelques années, dit-il.
Ensuite, pour sublimer une belle viande, Bruno Basset pense à sa Cuvée du Toarcien 2018, un anjou rouge élaboré avec uniquement du cabernet franc. C’est un vin qui passe un an en barrique. Il a aussi un an de bouteille. On a un bon équilibre entre le goût du terroir, le fruit du raisin et le léger boisé car il ne vieillit pas dans des barriques neuves. Il a une belle harmonie, poursuit le vigneron. Cet anjou peut aussi très bien aller avec certains fromages. Enfin, avec une bûche classique, Bruno Basset ne serait pas contre faire sauter le bouchon de son saumur brut pétillant. Cette bulle blanche est festive. Les cépages sont le chenin et le chardonnay.
Le domaine est ouvert du lundi au samedi. Tél. 05 49 66 05 37.