Il fait plutôt frisquet, dès potron-minet, ce mercredi dans la cour de l’école élémentaire Jules-Ferry. Le bonnet ou la cagoule en plus du masque, les élèves sont pourtant de sortie. Prêts à sentir, à palper, à admirer les belles plantes qui prennent racines sous leurs yeux. Car dans un petit recoin entouré de murs en pierres apparentes, quatre carrés potagers, un superbe récupérateur d’eau, un poulailler qui n’attend plus que les volailles, des bancs en dur couverts de planches pour poser son séant, n’attendent plus que le feu vert pour de nouvelles plantations. Le jardin pédagogique se prépare à semer ses petites graines citoyenne, sociétale et environnementales dans les têtes des chérubins.
Une démarche autour du développement durable
Michel Servant, le directeur de l’établissement, rappelle avec plaisir la genèse du projet. « C’est une idée qui remonte à quelques années. L’école s’est engagée dans une démarche autour du développement durable depuis 2008. Nous essayons de travailler à la fois dans les enseignements mais aussi dans la vie de l’école autour de cette thématique. Il s’agit de faire des écoliers des citoyens actifs dans cette dimension environnementale. » Ce projet de jardin s’inscrit dans la suite de l’obtention de label éco-école en 2008. Dès 2014, les premières réflexions poussent l’équipe et la Ville à imaginer un espace dédié derrière le préau. D’ouvrir l’accès par le préau. Il suffit de percer le mur, de retrouver en fait une ouverture existante. Le linteau et les pierres qui l’entourent ont juste besoin d’une bonne rénovation. Germé de la concertation entre les enseignants, les parents d’élèves, les écoliers, mais aussi la Ville, l’Agglo et le CAUE, l’espace dédié s’est épanoui au fil des mois de travaux. C’est la régie patrimoine de la Ville qui a œuvré pour la démolition de l’appentis existant. S’en sont suivis la reprise des gouttières et du mur d’enceinte, d’une partie de la toiture et l’installation du poulailler. Les travaux d’aménagement en février exécutés par Eurovia suivant le plan établi en lien avec l’école et les parents ont précédé à l’été le ravalement des façades, l’ouverture du préau et l’installation du récupérateur d’eau.
Une petite récolte espérée
Restait en décembre à mettre en terre les essences choisies. Et dans les mains de Laurent Caras hier matin le thym citronné ou le romarin, passés sous les narines des enfants, permettent de réveiller leur odorat pour trouver la bonne réponse. C’est aussi l’une des vocations de ce jardin, travailler sur les sens, observer et humer, réfléchir sur la chaîne alimentaire également en espérant aboutir à une petite récolte : « Même si elle ne sera pas suffisante pour fournir la cantine », s’amuse Michel Servant. Sous les yeux de Rose-Marie Niéto, adjointe aux affaires scolaires, ravie d’apprécier la senteur de l’herbe à curry, David Pret, responsable d’équipe des espaces verts, prête la main à Laurent Caras pour installer le pommier en double U. Les écoliers l’ont presque tous reconnu. Une feuille à la main, les jardiniers en herbe en profitent pour interroger ceux qui leur montrent les bons gestes : « Pourquoi avez-vous choisi ce métier ? » Et la réponse pourrait faire naître quelques vocations : « Pour être dehors, auprès de la nature. »