Difficile de passer à côté… Dans la grande famille des gastéropodes (qui sont une classe de mollusques), Helix lucorum fait figure d’escargot géant. Un spécimen de cette espèce a ainsi sauté aux yeux de Tibalt, jeune collégien amateur de jardinage, alors qu’il travaillait en famille sur une parcelle des jardins familiaux de Thouars, située en bordure de Thouet, dans le secteur de la Magdeleine.
Le coup d’œil du malacologue
Une découverte fortuite, mais scientifiquement inédite. C’est en effet la toute première fois qu’un Helix lucorum est officiellement observé dans les Deux-Sèvres. Et l’histoire de ce nouveau voisin qui transporte sa maison sur le dos n’est pas banale. C’est en effet la seconde fois que la NR l’accueille dans ses colonnes. La première a eu lieu le 1er décembre dernier, au rayon « insolite » de notre rubrique thouarsaise. La photo de l’animal n’a pas échappé au regard de Lilian Léonard, expert en malacologie, la branche de zoologie consacrée à l’étude des mollusques. Chercheur au sein de l’UMS (unité mixte de service) Patrinat, rattaché au Muséum d’histoire naturelle à Paris, il collabore également à l’INPN (Institut national du patrimoine naturel), véritable plate-forme nationale pour la connaissance de la nature. « J’ai reconnu l’escargot turc au premier coup d’œil. Il ressemble à l’escargot de Bourgogne, sauf qu’il est beaucoup plus gros, avec des stries et une bande blanche caractéristiques sur la coquille », indique cet authentique passionné, qui a rédigé un article détaillé sur cette espèce en 2015. Et a donc contacté la NR pour en savoir plus, tout en l’informant du caractère inédit de la trouvaille ! « Nous avions déjà la preuve de sa présence en France, notamment dans le Sud-Est, ou plus proche en Indre-et-Loire et en Charente-Maritime, mais pas dans les Deux-Sèvres. L’Helix lucorum est une espèce exotique introduite il y a quelques années. Sa présence n’est donc pas illogique. Mais on ne sait pas encore si c’est une espèce invasive qui impacte les autres. Ce genre de découverte n’est pas si rare, mais c’est précieux, par exemple pour élaborer des politiques publiques. Et parfois, cela remet aussi en cause nos connaissances. » D’où l’intérêt de continuer à enrichir le grand dictionnaire du vivant, sans cesse en mouvement.