L’engagement dans un mode de consommation plus écoresponsable se heurte parfois à des limites, notamment l’impossibilité d’acheter certaines denrées en circuit court. Alors, puisqu’on n’est jamais mieux servis que par soi-même, Charlotte Higelin, habitante de Saint-Jean-de-Thouars, a pris le taureau par les cornes et s’est décidée à lancer sa société de commercialisation de lessive biologique en circuit court. « Il y a beaucoup de choix pour des fruits et légumes, pour certains produits cosmétiques, mais pas de lessive bio et naturelle produite localement. Or, en regardant le magazine Envoyé Spécial sur les producteurs locaux, je suis tombée sur un monsieur de Chauvigny qui a créé son entreprise de lessive. Je me suis dit que j’allais en faire de même. »
Une démarche intégralement écocitoyenne
Ainsi est née Écolave, une lessive produite à base d’eau de pluie et de cendres de bois, tensioactif naturel, récupérées dans les chaufferies communales de Mauzé-Thouarsais et de Saint-Varent. « J’ai commencé avec les cendres des voisins, mais je me suis vite rendue compte que je serai vite à court de matière première », précise-t-elle. Aussi bien Fabrice et Éric à Mauzé que Jérémy, Thierry ou encore Yann à Saint-Varent accueillent l’initiative avec plaisir et lui fournissent ce dont elle a besoin. « Ces cendres de bois étaient vouées à être jetées », explique Charlotte Higelin. Elle devrait pouvoir en disposer dix mois dans l’année.
Après les essais pour trouver le bon dosage, elle fait tester son produit fini autour d’elle, et les retours sont positifs. Elle va pouvoir commencer à en fabriquer davantage de manière à être opérationnelle courant mars : 150 litres par semaine dans un premier temps, avant de monter au maximum à 200 litres hebdomadaires.
La lessive Écolave sera vendue au litre : 3,50 € en vrac ou 4,50 € dans une bouteille en verre consignée. « Pour une machine, 5 ml suffisent. Avec un litre, on peut faire vingt machines, l’équivalent d’un mois pour une famille de quatre personnes », chiffre-t-elle. Pour des soucis écologiques, sa production sera limitée à ses capacités en matières premières. « Je ne prendrai pas de l’eau du robinet par exemple », prévient-elle. De plus, le résidu de cendres compactes récupéré par la filtration a vocation à être réutilisé « dans une crème à récurer les portes des poêles, des cheminées, les plaques à induction, de barbecue ou la vitre du four ».
Introuvable en grande surface
Pour rester fidèle à ses principes, la jeune cheffe d’entreprise, salariée en parallèle, veut limiter ses points de vente, et surtout bien les choisir. « Je veux proposer la lessive chez les producteurs locaux, faire de la vente directe, voire en me déplaçant chez les particuliers lors de commandes groupées. » Pourquoi pas, aussi, concrétiser avec l’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). « En revanche, elle ne sera pas vendue dans les grandes surfaces type Leclerc ou Super U », affirme-t-elle. Une démarche qu’elle veut écocitoyenne de A à Z, pour contribuer à sa manière à la fin du suremballage et encourager la consommation en circuit court.