Arrivé en France en 2004 dans des poteries venues de Chine, le frelon asiatique occupe désormais une bonne partie de l’Europe de l’Ouest. Et il s’est fait une très mauvaise réputation en s’attaquant à nos abeilles domestiques. Mais quel est l’impact de cet animal sur les autres espèces d’insectes ?
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Pour le savoir des chercheurs français se sont postés à l’entrée de plusieurs nids de frelons asiatiques. A l’aide de filets ils ont intercepté 12 200 individus et leur ont dérobé leurs proies. C’est ainsi qu’ils ont constaté qu’à leur menu, il y avait, certes des abeilles domestiques (38%) mais aussi un petit tiers de mouches, 20 % de guêpes et une multitudes d’autres arthropodes.
Bref, selon cette étude parue la semaine dernière dans les annales de la société entomologique de France, le frelon asiatique est un prédateur généraliste qui chasse principalement les insectes les plus abondants. Son impact sur la plupart des espèces sauvages semble limité.
Et qu’est-ce que ça change ?
Ca remet en question certaines pratiques visant à piéger ces frelons en les attirant avec un liquide sucré dans des boites dont ils ne peuvent pas ressortir. Une précédente étude avait montré qu’avec ce type de dispositif on attrapait 1% de frelon et 99% d’autres espèces. Ces pièges n’étant absolument pas sélectifs, ils pourraient finalement avoir un impact beaucoup plus négatif sur les populations d’insectes sauvages que le frelon asiatique lui-même.
Autrement dit : pour bon nombre de petites bestioles ailées autre que l’abeille domestique, le remède pourrait-être pire que le mal. D’accord mais qu’est ce qu’on fait pour les abeilles domestiques ? Selon Quentin Rome l’un des auteurs de l’étude on pourrait mettre en places des dispositifs pour protéger les ruches. Par exemple, beaucoup d’abeilles meurent non pas parce qu’elles sont mangées par les frelons mais parce qu’elles restent cloitrées dans leur ruche assiégée par l’animal. Mais si l’on dispose un grillage que l’on appelle muselière devant l’entrée pour tenir les importuns à distance, les abeilles ressortent et une bonne partie d’entre elles parviennent à échapper à leurs prédateurs.
La mise au point de pièges plus sélectifs pourrait aussi faire partie de la solution.
L’entomologiste François Lasserre, lui, préconise d’utiliser des abeilles plus robustes capables de se défendre comme l’abeille noire. Mais pour lui comme pour Quentin Rome, il est illusoire de penser éradiquer du sol européen le frelon asiatique. Nous allons devoir vivre avec, comme le font les Néo-Zélandais avec nos guêpes. Elles sont arrivées accidentellement chez eux il y a plus de 70 ans, leur ont causé bien des problèmes et ils n’ont jamais réussi à s’en débarrasser. Nos insectes aussi peuvent être très envahissants.