La jeune entreprise Champi Bio Saumurois s’est trouvée une place hors coopérative en l’espace de trois ans. Sur ses installations de Chacé, elle produit quatre tonnes de champignons blonds par semaine.
Le champignon frais et bio, ça marche ! L’entreprise Champi bio Saumurois créée par Bruno Andorin en novembre 2017 en fait la démonstration chaque jour depuis son site de production de La Perrière à Chacé (commune de Bellevigne-les-Châteaux). Sur cette plateforme, qui jusqu’en 2008 était celle de la centrale de production de compost de France-Champignon, il a installé sept salles de production et de cueille dans les anciens ateliers de maintenance.
« On n’est pas nombreux à faire du champignon de Paris bio »
Dans ces chambres, à l’hygrométrie contrôlée et à la température régulée au demi-degré près, entrent 12 tonnes de substrat chaque semaine pour atteindre une production hebdomadaire de 3 tonnes de champignons blonds. On vient d’agrandir pour augmenter de 30 % notre potentiel de production. C’est notre deuxième extension depuis le départ, explique cet ancien directeur d’exploitation chez France Champignon, passé ensuite à la cave coopérative Robert & Marcel pour en être le directeur adjoint.
Arrivé à l’âge de 50 ans, j’ai décidé de quitter la cave. Alors autant faire quelque chose que je savais faire. Il y avait une demande de champignon bio et on n’est pas nombreux à faire du champignon de Paris bio. J’ai décidé de ne faire que du blond parce qu’il est plus demandé, qu’il est plus gustatif et parce qu’il est plus résistant à la tache bactérienne, explique-t-il. Il est aussi délicat de faire plusieurs champignons différents sur un même site. Ce ne sont pas les mêmes conduites de culture.
Vendus dans une cinquantaine de magasins bio
La première année, Bruno Andorin a commencé par vendre à la coopérative France-Champignon mais très vite les acheteurs se sont présentés. En trois ans, la surface de production a doublé et sa femme Anita a rejoint l’aventure en quittant son emploi dans la grande distribution. On fait 52 à 53 récoltes par an qu’on vend dans une cinquantaine de magasins bio proches à Saumur, Cholet, Angers et Tours. On a aussi un grossiste à Nantes, quatre plateformes de Système U, le groupement de producteurs Bio Loire Océan qui travaille avec l’association Aspire pour distribuer en panier. On fait aussi un peu de vente directe en fin de semaine. On veut cette diversité de clientèle pour ne pas dépendre d’un client majoritaire, justifie-t-il.
Autre avantage du marché bio : l’offre y reste encore inférieure à la demande. Les acheteurs ne discutent pas le prix et il n’y a pas de mauvais payeur, constate le chef d’entreprise. Ce souci en moins, il peut se concentrer sur la délicate culture. C’est un métier très long à comprendre. On est tributaire malgré tout de la météo et des caprices du substrat. S’il n’a pas les conditions idéales, le champignon ne sort pas. Inversement, quand c’est parti, il faut récolter avant qu’il ne s’ouvre. On essaie de maîtriser la production en décalant les opérations et les réglages de températures de manière à étaler. Toute la cueillette se fait à la main, une opération qu’on croyait révolue depuis l’industrialisation de cette culture.
Sept salariés et un chiffre d’affaires en progression
Champi Bio Saumurois emploie sept personnes en plus de son directeur. L’essentiel de la main-d’œuvre est affecté à la cueillette du champignon. Nous sommes une petite équipe mais ce métier est essentiel. Le cueilleur doit pouvoir évaluer si un champignon va continuer de pousser ou s’il faut le récolter tout de suite. On fait tout pour garder notre équipe minutieuse et performante. Le turn-over est une catastrophe pour nous, explique Bruno Andorin. Grâce à eux, la production va suivre le rythme des commandes sans perte. Grâce à eux aussi, le chiffre d’affaires de l’entreprise a augmenté de 57 % entre 2018 et 2019. Il a encore augmenté de 20 % en 2020 pour atteindre 640 000 €. L’ensemble des investissements injectés dans cette affaire s’élève à 380 000 €.
La vente directe, rue de La Perrière, à Chacé, se fait le vendredi entre 15 h 30 et 18 h 30 et le samedi entre 9 h 30 et 12 h 30.