Si le chemin de fer a permis l’expansion de Thouars, devenue ville cheminote, il est aussi la cause indirecte d’un mal sournois et pernicieux : les termites. S’il n’y a pas de lien évident au premier coup d’oeil, c’est bel et bien l’import de bois américain, notamment depuis la région de la Louisiane, que les termites ont envahi la France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Puis, parce que les cheminots ramenaient chez eux les traverses de chemin de fer et les planches des wagons contaminées malgré eux, ces insectes dévoreurs de bois ont trouvé de quoi s’épanouir en Thouarsais, peut-être dès le XIXe siècle. En même temps que l’essor du train.
Mais c’est bien au tout début du XXIe siècle, en 2001 très exactement, que la Ville de Thouars s’est emparée de la question. La municipalité aux responsabilités avait nommé à l’époque Bernard Jouve et Dominique Rigot pour réfléchir aux mesures à prendre pour limiter l’expansion des termites. "Il y a eu une réelle politique mise en place, car les insectes portaient atteinte au foncier bâti", se souvient Alain Ligné, élu de la majorité à l’époque et président de la communauté de communes du Thouarsais. "Thouars avait même été un site pilote missionné par le ministère de l’Environnement." Preuve que l’engagement avait été reconnu en hauts lieux.
Pouvoir cartographier les zones à traiter
Si les élus sont passés (voire repassés) depuis, un homme est toujours resté au coeur du projet. Philippe Lefièvre, agent municipal, était déjà là en 2002, lors du premier contrôle sur le terrain. Ou en 2004, lorsque le premier quartier a été traité. Il est toujours présent, en 2021, alors que l’invasion de termites n’a pas été exterminée, pour faire les contrôles au nom de son employeur, la municipalité.
Que les choses soient claires : Philippe Lefièvre n’est pas là pour effectuer le diagnostic à la place des entreprises. Ni même pour poser les pièges (lire plus bas). Il effectue simplement des prospections, afin d’avoir une idée générale de la problématique, non pas à l’échelle d’une habitation, mais de tout un quartier, et peut ainsi cartographier les zones de présence. Son intervention est gratuite. "Si vous éradiquez les termites chez vous, mais pas vos voisins, ils finiront par revenir tôt ou tard", explique-t-il.
Que ceux qui ont des termites lèvent la main
Ce travail en amont revêt plusieurs intérêts. D’abord, il permet de découvrir la présence des insectes chez des particuliers ou des privés qui ne les avaient pas détectés et permet ainsi de déterminer non pas un ou deux endroits à traiter, mais bien une zone plus étendue, quand l’infestation se répand. "En faisant intervenir une société spécialisée dans l’éradication des termites une fois pour toutes plutôt qu’au coup par coup, on réduit les coûts, partagés à plusieurs. D’autant que les propriétaires, réunis en collectifs de quartiers, peuvent recevoir une petite subvention de la mairie." De plus, cela permet de traiter le problème plus en profondeur.
Son travail devrait être facilité par l’obligation, pour les propriétaires, de déclarer en mairie toute trace de termites chez eux. "Malheureusement, dans la panique, les gens appellent aussitôt les sociétés et paient le prix fort. Il faudrait au préalable passer par nos services. Même si cette découverte peut faire peur pour les fondations de sa maison, on n’est pas à quelques semaines près", confie-t-il. Par manque de recul, le problème n’est traité que trop localement.
Thouars en exemple "Que tous ceux qui ont des termites chez eux nous le fassent savoir. Notre but, c’est que les gens se regroupent", exhorte sa collègue Martine Galzin, responsable du service d’occupation du domaine public, dans lequel entre la lutte contre les termites. Un mal pour un bien, pour soi-même et la collectivité.
Si elle est méconnue àThouars, cette démarche, plutôt rare si ce n’est inédite en France, fait des émules, de près comme de loin auprès des autres collectivités. "Nous avons d’ailleurs beaucoup de municipalités qui nous demandent conseil, dans le Thouarsais, un peu plus loin, comme Cholet, mais aussi dans les Alpes", précise Martine Galzin. Thouars cité en exemple : ce n’est pas tous les jours que ça arrive.
Contact : 05.49.68.16.20.
Les questions que l’on se pose sur les termites
> Faut-il dire "un" ou "une" termite ?Bien qu’il soit commun d’entendre parler de ces insectes au féminin, le mot "termite" est bel et bien masculin. Mais puisque les colonies sont toujours très nombreuses, on ne risque pas de faire d’erreur si on parle "des" termites.> Les termites sont-ils actifs tout au long de l’année ?Normalement non. En effet, ils passent souvent l’hiver au calme car ils n’aiment pas le froid. Néanmoins, les effets du changement climatique semblent se faire ressentir en Thouarsais. "Au début, dans les années 2000, nous avions trois mois de calme et d’inactivité. Depuis, on en trouve tous les mois de l’année, même en janvier", explique Philippe Lefièvre.> Que faire si l’on découvre des termites chez soi ?La première chose à faire est de ne pas paniquer. La loi oblige un propriétaire à déclarer en mairie la présence de termites chez lui, par un courrier recommandé avec accusé de réception, ou en distribuant la lettre avec un récépissé du maire. Ne pas le faire expose le propriétaire à une amende de 450 €. Ensuite, il y a l’obligation de traiter. Il faut, pour cela, faire appel à une société spécialisée.> Comment exterminer les termites ?Il existe plusieurs méthodes. En Thouarsais, on recourt à des pièges. Ceux-ci se composent d’un socle évasé, percé de trous sur les côtés, et dans lequel est posé un morceau de bois appétent, et surtout composé d’une molécule toxique pour les insectes. En effet, ce composé bloque la mue, le processus naturel de changement d’exosquelette de l’animal. Le termite finit étouffé et meurt. Mais, avant d’en arriver là, l’ouvrier a distribué le contenu de son estomac à des congénères, qui subiront le même sort lorsque l’heure de la mue viendra. Les pièges doivent être déposés à intervalle régulier, le plus possible près des termites, en veillant à ce qu’ils ne disposent pas d’autres sources de nourriture plus proche, auquel cas ils négligeront le piège.