Cent soixante-huit agriculteurs en Deux-Sèvres et 32 en Charente-Maritime ont participé à l’opération « En terre ton slip ». Une expérience permettant de tester l’activité biologique du sol.
Publier cet article un 1er avril, aurait pu faire penser à un poisson….. Mais cela n’a rien d’une farce. En Deux-Sèvres et en Charente-Maritime, 200 agriculteurs ont accepté de participer à une expérience atypique menée avec les groupes ECOPHYTO animés par la Chambre d’agriculture 79 et 17.
Le 14 février 2020, jour de la Saint-Valentin, ils ont enterré à plat et dans un champ de blé, un slip blanc, en coton bio pour éviter la présence de produits dans la matière. Un geste qui n’avait rien d’une action de communication. En 2019, j’avais déjà mené une telle opération avec 25 agriculteurs. Les professionnels avaient tous bien apprécié ce procédé permettant de tester l’activité du sol. Raison pour laquelle j’ai décidé de la renouveler à plus grande échelle et avec un protocole plus carré explique Stéphanie Boutant, conseillère agronomie production végétale à la Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres.
Un taux de dégradation différent
S’il n’y a rien de scientifique dans le fait d’enterrer son slip durant trois mois sous 10 à 15 centimètres de terre, cela apporte toutefois de précieux enseignements. L’aspect visuel du slip une fois déterré, permet de voir comment vit le sol ajoute Stéphanie Boutant. Plus l’objet est dégradé, plus l’activité microbienne est bonne. Dans la grande majorité, les agriculteurs ont retrouvé que l’étiquette et la partie haute du slip (la plus épaisse) poursuit Stéphanie Boutant qui a pris soin de peser tous les slips provenant d’un même lot et offert par la FDGEDA qui regroupe tous les groupes techniques de la Chambre d’agriculture, avant et après leur passage sous terre. Une fois nettoyé et séché, le poids de dégradation de chaque slip a ainsi pu être calculé.
Cette expérience menée également dans d’autres départements a permis de mettre en évidence une chose. Nous pensions que les pratiques culturales pouvaient avoir un impact sur la dégradation. Il n’en est rien. C’est le type de sol qui prédomine poursuit la professionnelle en mettant en exergue des taux de dégradation compris entre 26 et 81 % pour un taux moyen de 43 %.
À titre de comparaison, les terres rouges du Mellois à fort potentiel agronomique ont un bien meilleur taux de dégradation que les terres du Thouarsais. Tous les agriculteurs ayant participé à l’action ont reçu une synthèse des types de sol. Cette expérience a permis à la Chambre d’agriculture de rebondir et de retravailler la thématique du sol.
Qu’est-ce qu’il en ressort ?
« Le facteur qui semble, dans notre étude, avoir de l’impact sur la vitesse de dégradation est le type de sol. Les conditions très humides de l’automne 2019 peuvent avoir impacté les résultats de cette étude. En effet certains types de sol ont été particulièrement tassés et étaient encore gorgés d’eau en février, ce qui a probablement entraîné un mauvais fonctionnement de la vie du sol. Il faudrait reproduire cette action sur la même parcelle afin de pouvoir valider cette première hypothèse et y associer d’autres indicateurs comme le comptage des vers de terre et affiner les types de sol pour pouvoir expliquer ces premiers résultats. »