Mickaël Boullin a installé une yaourterie à côté de sa ferme il y a deux ans, pour transformer le lait bio de ses vaches. Pari réussi pour l’agriculteur : les yaourts de la Ferme de l’Airvaudais sont dans tous les magasins.
A la ferme de l’Airvaudais, à Airvault, le succès n’attend pas. Celle-ci a livré ses premiers yaourts en magasin le 15 mai 2019. En mars 2021, nous fournissons dix nouveaux magasins et écoles, ce qui porte à 70 nos points de distributions, dans les 80 km autour de nous, dévoile Mickaël Boullin, le propriétaire. Aujourd’hui, on commence à aller jusqu’à Niort (à l’Intermarché et Biocoop). On distribue aussi à Poitiers, Châtellerault, Loudun, Saint-Martin-de-Sanzay, Cerizay… Deux ans après l’ouverture de la yaourterie, leurs produits se trouvent en épiceries, en magasins de producteurs, dans les grandes surfaces, mais aussi en restauration collective dans les collèges, lycées, écoles primaires et Ehpad. On peut livrer en pots ou en seaux. On a même fourni le centre aéré d’Airvault, précise l’agriculteur.
L’effectif a doublé
En 2019, seules Edwige et Sabine travaillaient à la yaourterie. La Ferme de l’Airvaudais a depuis doublé ses effectifs. Nous avons créé trois postes et demi : Thomas pour les livraisons, Brian est arrivé à la yaourterie en octobre, Léa renforcera l’équipe à partir d’avril, et une commerciale vient huit heures par semaine s’occuper du réseau de distribution.
Il y a deux ans, Mickaël Boullin gérait une exploitation de 100 hectares et 60 vaches laitières. On va augmenter la surface à 120 hectares et baisser à 45 vaches, annonce-t-il. Le but est d’arriver à l’autonomie alimentaire en bio pour notre élevage. Il travaille également avec un voisin pour compléter leur nourriture avec de la luzerne.
La yaourterie permet à l’exploitant de surmonter la crise du prix du lait bio : Il n’est plus acheté qu’à 400 €/1 000 l, au lieu de 470 € en 2019. Pour une exploitation comme la mienne, ça représenterait 15 000 € de moins à l’année. Ce serait destructeur. Heureusement, transformé en yaourt, son lait bio est valorisé à 550 €/1 000 l. Nous transformions 40 % de notre production en février, et nous sommes montés à 50 % ce mois-ci, comptabilise Mickaël Boullin. L’objectif à terme sera de transformer 80 % de la production et d’embaucher deux personnes de plus. Le reste du lait est vendu à une coopérative.
Une vision moderne de l’agriculture
J’ai repris la main sur mon lait. En le transformant sur ma ferme, nous créons de l’emploi dans notre territoire et je peux dire aux consommateurs exactement ce qu’il y a dans leur yaourt. L’agriculteur est révolté par la récente décision du Conseil d’État rendue en faveur de Lactalis décrétant que l’État français n’aurait pas dû imposer l’étiquetage géographique du lait, car « il n’y a pas de lien avéré entre son origine (Union européenne ou non) et ses propriétés ». C’est faux, répond Mickaël Boullin. En France, nous avons de meilleures pratiques que dans beaucoup d’autres pays et les règles sont plus strictes en Union européenne que partout ailleurs.
Pour encourager cette transparence, la ferme de l’Airvaudais explique ses procédés sur Facebook et organise des traites ouvertes. Aujourd’hui, on n’a pas trop le choix, il faut qu’on communique sur notre métier, quand on voit comment des associations véganes et L214 nous attaquent sans nous connaître.
De bonnes relations avec les grandes surfaces
Mickaël Boullin est aussi allé à la rencontre des consommateurs dans des Auchan, Leclerc, Super U, Intermarché, Carrefour et Biocoop. Nous avons de très bonnes relations avec les grandes surfaces. Aujourd’hui, elles ont besoin de produits locaux. On est bien accueillis et elles mettent nos produits en valeurs dans les rayons.
Produire suffisamment pour livrer tous ces clients a été un challenge. Il faut être bien équipé ! Lorsque la cuisine centrale de Poitiers passe commande, c’est pour 6 000 pots, précise l’éleveur. Grâce à une campagne de financement participatif et l’aide du réseau Invitation à la ferme, Mickaël Boullin a un bon équipement et peut produire de gros volumes : jusqu’à 10 000 pots produits en une journée.
La Ferme de l’Airvaudais a désormais une gamme de 13 produits, des yaourts nature ou aromatisés citron, sur lit de fruits (fraise, myrtille…), des crèmes dessert (au chocolat, caramel beurre salé…) et du riz-au-lait. Et nous préparons un nouveau yaourt pour juin 2021 : vanille sur lit de caramel, annonce Mickaël Boullin