Cette grenouille invasive met en danger la biodiversité en Deux-Sèvres et Maine-et-Loire. Un programme européen vise à diminuer sa population, mais finit en 2022.
Depuis quelques jours, le piégeage de xénopes lisses a repris en nord Deux-Sèvres. Ces grenouilles invasives importées d’Afrique du Sud par un laboratoire à Bouillé-Saint-Paul pour réaliser des tests de grossesse ont été relâchées dans la nature à la fermeture de l’établissement vers 1980. Cette espèce se reproduit vite, se nourrit des autres animaux aquatiques et propage des maladies parmi les amphibiens locaux. Sa prolifération est devenue un danger pour la biodiversité deux-sévrienne.
"Aujourd’hui, nous sommes le principal foyer de xénopes en France, souligne Maud Lardon, coordinatrice technique du piégeage à la Communauté de communes du Thouarsais. Quelques cas ont été recensés à Lille, Toulouse, Grenoble… On pense que ceux de Nantes proviennent de chez nous, des xénopes qui auraient remonté la Loire." Dans le nord Deux-Sèvres et en Anjou, ces grenouilles sont partout. On peut trouver plus de 10 000 individus dans les steppes des stations d’épuration.
Dernière année de piégeage
Le programme Life Croaa financé par l’Union européenne travaille en collaboration avec deux associations de protection de l’environnement, trois parcs naturels régionaux, une intercommunalité et l’Université d’Angers, pour trouver le meilleur moyen pour limiter la population de xénopes. "Nous n’arriverons pas à l’éradiquer", reconnaît la coordinatrice. La quantité de xénopes piégés avait encore augmenté en 2020, malgré deux mois confinés : 5 200 xénopes capturés et euthanasiés à Thouars, contre 3500 en 2019.
Or le projet Life Croaa s’arrête en août 2022. "C’est la dernière année où des piégeurs professionnels sont subventionnés par l’Union européenne", prévient Maud Lardon. Soit l’ultime occasion pour tester de nouveaux pièges (des filets parapluies ont été commandés) ou des leurres (utiliser une femelle xénope pour attirer ses congénères). Les données seront ajoutées à celles collectées depuis six ans, afin de proposer les stratégies les plus efficaces à mettre en place dans les prochaines années, cette fois avec les moyens des structures et collectivités locales.