À Coulonges-Thouarsais (près de Thouars, dans les Deux-Sèvres), Christian Gaufreteau a pris sa retraite de paysagiste pour se consacrer à l’art. Les curieux peuvent découvrir ses œuvres directement dans son atelier.
Christian Gaufreteau est paysagiste à la retraite, peintre et poète à Coulonges-Thouarsais. "J’ai été paysagiste pendant trente ans, et je pense que j’ai fait le tour de tout ce qui pouvait se faire dans ce métier, raconte-t-il. Des aménagements végétaux en bureaux aux vallées de dix hectares. J’ai conçu le parking du Leclerc de Thouars, j’ai réalisé des jardins japonais, à l’anglaise, à l’italienne, j’ai aménagé des châteaux, des espaces privés comme publics."
Pendant cette carrière éclectique, Christian Gaufreteau a toujours réalisé des installations artistiques. "J’ai toujours peint. Dans les écoles de paysage, on apprend le dessin et l’utilisation des couleurs, rappelle l’ex-paysagiste. Depuis que j’ai arrêté les paysages, je suis artiste à plein temps. J’ai toujours un carnet et je dessine. J’ai tiré le portrait de ce grec, ou de cette jeune fille aux yeux immenses à Vienne, puis je les ai transférés en tableaux."
De l’art avec des matériaux naturels
Aujourd’hui, il se présente comme artiste jardinier. "Je ne travaille qu’avec des matériaux naturels. Je peins sur du vélin d’Arches, fabriqué en France à partir de fibres végétales. C’est un papier épais, qui peut avoir différents grains. Souvent, je le colle sur du bois pour éviter le gondolage." Il dessine au fusain et, pour peindre, il n’utilise que des pigments de terre et des ocres. "Ce sont des pierres chauffées à haute température puis broyées, explique-t-il. Je peux les utiliser presque pures, avec de l’eau, ou mélangés avec du blanc d’œuf ou de la chaux, qui vont donner du relief. De cette manière, ils accrochent la lumière différemment et créent des ombres qui changent l’œuvre selon le moment de la journée où on la regarde".
L’artiste jardinier aime aussi coller des végétaux sur ses toiles : treillage de joncs, lichens pressés, graminées et sable, crin de cheval… "Je me balade beaucoup et je rentre toujours avec plein de choses que j’ai ramassées en chemin", s’amuse-t-il. Comme ce tronc d’arbre qu’il a trouvé en mer, sur une plage d’Aragon, qu’il a eu bien du mal à faire passer la frontière espagnole pour en faire une sculpture, avec une poignée en métal. "C’est mon homme qui court, et qu’on peut quand même attraper", sourit l’artiste.
Le Covid dans un tableau
Son dernier tableau parle du Covid-19. "En le regardant on voit tout de suite les masques, puis les yeux au-dessus des masques, décrit-il. C’est étrange de penser que c’est comme ça que les enfants doivent voir les adultes : un masque avec deux yeux au-dessus.". Il l’a appelé « L’Engrenage ». "L’épidémie a commencé en Chine, a entraîné tous les autres pays. Et les politiques ont déclenché des mesures qu’ils ne peuvent plus arrêter si facilement."
Dans ses œuvres parfois à peine figuratives, beaucoup de visiteurs voient d’autres choses que ce que le peintre a voulu y mettre, ce qui n’est pas pour lui déplaire. "Le tableau est une sorte de miroir : en le regardant et en y réfléchissant, entre en compte ce qu’on a à l’intérieur, les expériences et souvenirs de chacun", estime l’artiste.
Il a d’ailleurs exposé dans la galerie parisienne Sonia Monti, du 1er mars au 30 avril 2021, mais elle a dû fermer au public en avril pour raisons sanitaires. "Je suis présent sur quelques sites internet comme Art majeur, et c’est la galerie qui m’a contacté et proposé un contrat", se rappelle-t-il. Il prévoit également d’ouvrir son atelier et son jardin lors des « Rendez-vous au jardin » de Coulonges-Thouarsais, samedi 5 et dimanche 6 juin 2021. "Je voudrais aussi finaliser un autre livre de poèmes, avec des tableaux réalisés spécifiquement pour l’accompagner et des photos. Mais comme je suis flemmard, ça avance lentement", plaisante Christian Gaufreteau.