On était habitués à le voir passer. Désormais, l’échassier s’installe durablement, observent les spécialistes, qui ont leur explication.
L’arrivée récente de la cigogne dans le Marais poitevin a quelque peu surpris les observateurs. Ce grand échassier au plumage contrasté est actuellement en voie d’installation et ce durablement, s’accordent à dire les spécialistes. En 2018, un premier nid est révélé en bordure de conche d’Amuré, au Vanneau-Irleau. L’année suivante, un second s’était construit à La Sotterie, toujours sur la commune du Vanneau, avec trois petits. Bis repetita en 2021, le couple se réinstalle au même endroit, les parents se relaient toutes les deux heures afin de couver leurs œufs.
Un réservoir de cigognes
On peut toujours dire que ce ne sont que des cas isolés, or, six autres nids viennent d’être répertoriés dans les marais du Paradis, à Coulon, en bordure du canal du Grand Coin. Indéniablement, la cigogne blanche semble très à l’aise dans les terres tourbeuses du Marais. Michel Cramois, ex-maraichin, est aussi un membre de la LPO (Ligue de protection des oiseaux) et ex-directeur de la base de Rochefort-sur-Mer. Il relate son expérience en Charente-Maritime, qui est aujourd’hui le plus grand réservoir de l’Hexagone en matière de population de cigognes. Le cas de la Charente-Maritime est en effet assez exemplaire. En 1974, la façade atlantique compte onze couples, qui disparaissent quelques années après. Puis, un couple fait son retour, la LPO et le Département font des efforts pour préserver ces animaux.
Après un premier nid répertorié en 1978, la population départementale recensée prend son essor au début des années 90, avec 45 couples en 1995. En 2020, le cheptel s’élève à 636 couples et 952 cigogneaux à l’envol. Cette pléthore de volatiles s’explique très bien aujourd’hui : se sentant à l’étroit dans cette zone des marais de Rochefort et de La Seudre, la recherche de nouveaux habitats devient une nécessité et les ressources alimentaires du Marais dans les Deux-Sèvres sont énormes (amphibiens, sauterelles, mais surtout l’écrevisse).