Ces derniers mois, les castors ont fait s’effondrer plusieurs arbres au bord du Thouet, près de Thouars. Mais contrairement au ragondin, l’espèce n’est pas nuisible.
C’est un petit animal discret, voire invisible, et pourtant quand il est passé par là, on le sait tout de suite ! Ces derniers mois, autour de Thouars, le castor a laissé plusieurs traces spectaculaires de son passage sur les rives du Thouet. Ce jeudi matin, à Maranzais, village de Taizé-Maulais (commune déléguée de Plaine-et-Vallées), les restes de son gisent à terre : un grand peuplier d’environ quinze ans, rongé à la base tel un crayon papier, s’est effondré. "Je pense que c’est la première fois qu’on en voit autant »," note Alain Blot, l’ancien maire, qui se promène régulièrement dans les environs. Et note : "Les propriétaires de peupliers ne sont pas très contents."
Le retour
Disparu depuis plus d’un siècle, le castor fait son grand retour sur le Thouet depuis une vingtaine d’années en Deux-Sèvres. Aussi spectaculaires soient-ils, ces abattages ne signifient pas forcément que le castor soit plus présent qu’avant. "Il peut avoir un certain temps une activité accrue sur un secteur précis. C’est cyclique »," prévient Guillaume Charruault, technicien rivière au Syndicat mixte du Val de Thouet (SMVT).
Il raffole du bois tendre
Ne le cherchez pas des yeux, ou alors, prenez votre lampe de poche : le castor "a besoin de quiétude et ne vit que la nuit »," précise Olivier Cubaud, président du SMVT. L’animal ne s’éloigne jamais plus de 30 mètres de la rive. C’est pourquoi les arbres abattus sont toujours les plus proches du cours d’eau… Végétarien, le castor ne mange que les bois tendres, c’est pourquoi il raffole du peuplier ou du saule. Les abattages d’arbres sont les indices les plus spectaculaires, mais il y a d’autres traces, plus discrètes. "Son estomac lui permet de digérer la cellulose. En pleine saison printanière, il raffole des feuilles et des bourgeons sur les jeunes rameaux."
Pas une espèce invasive
Impressionnant, les abattages sont, sans mauvais jeu de mots, l’arbre qui empêche de voir la forêt. L’animal, qui est à l’origine, une espèce d’ici, "n’est pas une espèce invasive »," insiste Guillaume Charruault. "Il n’y aura jamais de surpopulation de castors, contrairement au ragondin, qui est originaire d’Amérique du Sud."
Un à deux petits par an seulement
Leur population se régule naturellement, en fonction de la nourriture disponible. Le ragondin, lui, a une dynamique de population "exponentielle »." Quand une femelle castor n’engendre qu’un à deux petits chaque année, sa cousine ragondin, elle, en fait une vingtaine ! Par ailleurs, les deux rongeurs n’ont pas du tout le même régime alimentaire. Le castor se nourrit uniquement de la cellulose du bois, quand le ragondin fait des ravages dans les cultures céréalières des agriculteurs.
Bloqué à Parthenay
La reconquête du castor sur le Thouet est aujourd’hui "bloquée à Parthenay »," à cause d’un ouvrage. Un aménagement est en cours afin de lui permettre de passer cet obstacle et de remonter la rivière jusqu’à sa source. "Il tend simplement à retrouver les espaces dans lesquels il a vécu."
Protégé dès 1904
La terreur des peupliers revient de loin. Au début du XXe siècle, la chasse liée au commerce de peaux avait quasiment éradiqué sa présence sur les cours d’eaux français. Il doit une fière chandelle au préfet du département du Gard qui, dès 1904, interdit sa chasse. Et lui sauve la peau. "Le castor a été le tout premier animal protégé en France »," précise Guillaume Charruault. Cette protection a porté ses fruits. Et pourtant, "il a fallu attendre les années soixante-dix pour voir des opérations de réintroductions sur la Loire". Une réussite. Vingt-cinq ans plus tard, le voici de retour sur le Thouet. "La deuxième étape de la réintroduction est également couronnée de succès."
Pour aller plus loin :
Visionner le DVD du film « Le Cas du castor », réalisé par Basile Gerbaud et co-produit par le FIFO de Ménigoute et tourné en Deux-Sèvres.
https://www.youtube.com/watch?v=4Xi…
Animal calme et discret, le castor est le plus gros rongeur aquatique d’Europe. À la tombée du jour, il sort de sa hutte et glisse à la surface de l’eau, le corps presque totalement immergé et ne laissant apparaître que la moitié de sa tête. En Suisse, le castor habite les rivières et les petits