À la Ferme s’invite ce week-end à Poitiers, on réfléchit également au réchauffement de la planète. Et on essaye de trouver des solutions pour s’adapter.
Ce n’est pas la COP 26 et on n’attendra pas la fin des débats pour tirer un bilan. Mais à la Ferme s’invite, qui se tient tout ce week-end au parc des expositions de Poitiers, le réchauffement climatique s’invite aussi dans le débat. Hier, deux conférences lui étaient consacrées. Car, travaillant la terre et de la terre, les agriculteurs seront les premiers impactés par les changements à venir. « Depuis une dizaine d’années, on a mis en place un suivi climatique, explique Frédéric Levrault, expert du changement climatique pour le réseau des chambres d’agriculture. On a fait le constat que l’évolution climatique était de plus en plus palpable sur la production agricole. »
La pomme remplacée par la grenade ?
Ainsi, le rendement du blé tendre s’est trouvé plafonné dès le milieu des années 90. « Mais désormais, on s’investit dans la prospective. Comment l’évolution à venir du climat va faciliter ou compliquer la réalisation de la production agricole ? » Les experts savent que les températures vont augmenter et que les canicules seront plus longues, plus intenses et plus nombreuses, de même que les hivers seront plus doux. « Cela entraînera des modifications sur les cultures. » Trouver comment mieux irriguer le maïs et trouver des variétés moins gourmandes en eau. Mais aussi envisager des changements radicaux : dans le futur, remplacer la culture de la pomme par celle de la grenade. « On sait aussi que la limousine produit moins de viande quand la température passe les 27 °C, la production laitière baisse aussi. » Il faudra donc réfléchir à de nouveaux abris, mieux ventilés. « Mais il y a aussi de nouvelles opportunités. Le noisetier se développe dans la région et ce n’était pas possible avant. » C’est aussi l’alimentation des animaux qui pose problème. « Plus ça va et plus on rentre les animaux l’été car il y a des problèmes de fourrage », analyse Philippe Huguet, conseiller de la chambre d’agriculture. Ainsi, il conseille de faire des « intercultures », une culture entre deux autres productions, pour faire pâturer les animaux. Ce sont d’autres variétés qui apparaissent aussi comme le sorgho et un apport en eau plus ciblé selon les productions. Enfin, c’est le paysage qui pourrait bien se retrouver changé, avec le retour des haies mais aussi avec l’agroforesterie qui promeut la plantation d’arbres dans les parcelles. « Cela permet de réguler les températures, de favoriser l’infiltration d’eau et de maintenir la fertilité des sols », vante Aurélie Delmas, conseillère à la chambre d’agriculture. Autre avantage, le CO2 s’y trouve aussi piégé. Un argument non négligeable assurément.