Récent vainqueur du concours des prairies naturelles, Guillaume Grasset nous fait découvrir sa ferme où l’herbe pousse à foison.
Portrait.
Avec son bâton, Guillaume Grasset supervise ses champs et ses vaches, ses joyaux dont il prend le plus grand soin. Dans son exploitation de 120 hectares, délimitée par des dizaines de parcelles, ses vaches pâturent. « Pour qu’une viande soit bonne, la vache doit se sentir bien, et l’alimentation joue un rôle central. Une bonne pousse de l’herbe est nécessaire », révèle Guillaume Grasset. C’est après avoir vu l’annonce dans la presse agricole que le Ménigoutais s’est lancé dans le concours, organisé par le CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) durant le Fifo (Festival international du film ornithologique), des prairies naturelles. « Je me suis creusé la tête pour trouver la meilleure parcelle à présenter. Finalement, j’ai choisi la plus mauvaise techniquement, mais quand je voyais les vaches toujours allongées ici, je me suis dit qu’il y avait quelque chose de différent », raconte le vainqueur.
« Transformer en atout des contraintes fortes »
En effet, les six structures venues noter le champ de l’éleveur ont découvert cinquante variétés d’herbes différentes. « Certaines ont des propriétés médicinales et elles semblent riches. Les vaches compensent leurs carences dans ce champ », abonde Guillaume Grasset. Pourtant, la ferme familiale n’a rien d’une idylle. « On est originaire du Bressuirais, en 1981, mes parents s’installent à Ménigoute avec leurs moutons. Malheureusement, le stress du trajet fait avorter les brebis. Sans ressources, mon père se tourne vers la volaille. Puis, l’herbe pousse bien, il se lance dans la vache limousine. La terre est sableuse, granitique, on ne peut pas cultiver », décrypte-t-il. Il reprend le flambeau en 2014 et met en place les méthodes d’André Pochon, illustre agriculteur et grand défenseur d’une agriculture durable. « La terre est pauvre, mais en hiver le sol est filtrant avec la présence de roches. Les bêtes restent dehors, on n’a pas besoin de bâtiment de protection. J’ai voulu transformer en atout des contraintes fortes. »
Plaisirs fermiers
Pour ce faire, l’élever a fait des lots Plaisirs fermiers regroupant une quinzaine de vaches, laissées en pâturage dans des parcelles. Ces dernières sont subdivisées en « paddock ». « L’herbe a besoin de 20-25 jours afin de bien repousser. Je mets mes vaches trois jours sur un paddock puis les trois suivants sur un autre. À la fin du mois, les vaches reviennent sur la première zone », commente l’éleveur. Par ce biais, naturellement, les vaches mangent à leur faim et permettent une repousse fluide de l’herbe. Au bout de quatre ans, la vache peut atteindre sa maturation. Néanmoins, elles peuvent vivre jusqu’à 12 ans. « Selon son état, on décide ou non de sa retraite. C’est toujours un pincement au cœur », confesse l’éleveur. Ensuite, la viande est vendue dans le magasin Plaisirs fermiers, à l’entrée de Saint-Maixent-l’École. « On a créé ce magasin avec d’autres producteurs. On est sur du circuit court », souligne l’associé de Plaisirs Fermiers. 75 % de ses vaches sont vendues dans ce magasin qui regroupe une centaine de fournisseurs.