Dominique Paquereau, ancien élu et agriculteur retraité à Availles-Thouarsais, est devenu un expert de la production bio, sujet d’une conférence demain soir.
Il y a tout juste dix ans, il convertissait en bio son exploitation agricole d’Availles-Thouarsais, reprise à ses parents et désormais transmise à son fils Simon. Aujourd’hui retraité, Dominique Paquereau est en quelque sorte devenu un spécialiste de la production biologique.
À tel point qu’il animera demain soir une conférence organisée par l’Université citoyenne du Thouarsais sur un thème ambitieux : « L’agriculture bio peut-elle nourrir le monde ? ».
"La demande est de plus en plus forte"
« La demande du consommateur est de plus en plus forte et c’est une tendance durable, explique-t-il. Le bio est une solution, mais ce n’est pas une religion. Il ne s’agit pas forcément de tout révolutionner et d’imposer 100 % de bio dans le monde entier. »
L’ancien élu (maire d’Availles, président de la communauté de communes de l’Airvaudais - Val du Thouet et conseiller départemental) souhaite s’éloigner des caricatures pour éclairer le public sur ce qui se joue réellement dans son dos, en coulisses. Là où agriculture et politique se rejoignent…
"Un secteur inintéressant pour les lobbys agricoles"
« Le problème majeur, c’est la vive concurrence de la production non-alimentaire, notamment celle des agro-carburants, dans l’exploitation des terres. Comme le bio ne consomme rien, c’est-à-dire pas d’engrais ni de pesticides et moins de machines, c’est un secteur totalement inintéressant pour les grands lobbys agricoles. En revanche, ils usent de toute leur influence pour favoriser la production non-alimentaire, très gourmande en produits chimiques. »
Des effets dans l’eau du robinet des Thouarsais
À titre d’exemple, aux États-Unis, 50 % de la production de maïs et de blé servent déjà à fabriquer de l’éthanol. « En France, j’ai calculé que si on cultivait en bio alimentaire toutes les surfaces aujourd’hui dédiées aux agro-carburants, on pourrait nourrir environ sept millions de personnes. »
Des chiffres qui donnent le vertige, et lui laissent penser que si l’ensemble des terres arables du monde était dédié à la production alimentaire en bio, on pourrait sans doute nourrir l’ensemble de l’humanité.
"Le fond du problème, c’est l’agro-business"
« Les enjeux sont colossaux et le fond du problème, c’est l’agro-business, souligne Dominique Paquereau. Ses conséquences néfastes s’observent partout. Les problèmes de qualité de l’eau en Thouarsais, par exemple, sont intimement liés. Il faut savoir que les lobbys de l’agro-business ont des représentants dans toutes les instances locales de gestion de l’eau. Depuis des années, on consacre plusieurs millions d’euros d’argent public au programme Re-Sources (pour la reconquête de la qualité de l’eau, NDLR), et pourtant le taux de nitrates ne cesse d’augmenter… »
Conférence mercredi 5 janvier à 20 h 30 à la Station T, rue Danton à Thouars. Entrée gratuite. Pass sanitaire et port du masque obligatoires.