Les températures anormalement douces perturbent le repos végétatif et l’hibernation des insectes. Rien de catastrophique si le mercure redescend.
Une rose déployant ses pétales un 31 décembre ? Non, vous ne rêvez pas. La scène a été observée dans le jardin d’un particulier de Saint-Benoît et d’un autre de Poitiers (notre photo). Et elle s’explique aisément par les températures constatées fin 2021 et début 2022. Il s’agit de la fin d’année la plus douce jamais mesurée en France depuis 1947, selon Météo-France. C’est inédit et ça n’a rien de rassurant. Les météorologues le répètent : il s’agit très clairement d’une conséquence du réchauffement climatique à l’œuvre (lire à chaud).
Il faisait + 17,3 °C le 30 décembre 2021 Comment est-ce possible ?
Souvenez-vous, c’était il y a quelques jours à la station météo de Poitiers-Biard. Alors que le 21 décembre 2021 affichait – 3,5 °C de température minimale et + 2,1 °C de température maximale, offrant l’image d’un hiver considéré comme normal, c’est-à-dire froid, le mercure s’est rapidement emballé dès le 23 décembre (– 1,2 °C pour la température minimale et + 13,7 °C en maximale). En 24 heures, la minimale est même repassée en positif (+ 8,5 °C), tutoyant la maximale (+ 12,7 °C). Les journées suivantes ont été à l’avenant avec une hausse continue des températures jusqu’à atteindre une incroyable température maximale de + 17,3 °C le 30 décembre 2021 (+ 11,3 °C de température minimale) !
« Les abeilles sortaient ! »
Les choses n’ont guère évolué depuis avec des minimales toujours largement au-dessus de zéro (+ 10,9 °C le 3 janvier, + 13,3 °C pour la maximale). Si ce Noël et cette Saint-Sylvestre au balcon ont contenté les plus frileux, la douceur a eu une conséquence immédiate pour la végétation et les insectes. « J’étais dans le verger il y a deux jours et les abeilles sortaient ! s’étonne Emmanuel Fournier, propriétaire des Vergers des Savoies à Vouneuil-sur-Vienne. Et dans les rangs des pêchers et des abricotiers, les boutons commençaient à gonfler. »
« Les hivers ne durent pas assez longtemps »
Cette situation inédite n’a pas été constatée aux Jardins de la Frolle (Bonnes) où François Beneteau se félicite « d’une bonne moyenne fraîche en novembre et décembre ». Ni aux Vergers de la Molle (Chauvigny) où Rodolphe Cattus confirme que « tout est normal ». Bref, il n’y a pas de catastrophe annoncée si l’hiver retrouve ses caractéristiques. Ce qui sera le cas à partir d’aujourd’hui et jusqu’à mi-janvier, selon Météo-France qui privilégie ce type de scénario avec des températures proches des normales. « Pour l’instant, il n’y a pas de panique s’il fait froid en janvier et février, estime Emmanuel Fournier. Mais on ne sait jamais sur quel pied danser. On connaît ce scénario depuis plusieurs années avec du froid et du redoux en permanence dans des hivers qui ne durent pas assez longtemps. »
La crainte des gelées tardives
Tout le monde agricole le sait : le froid a les avantages de ses inconvénients quand il n’intervient pas au bon moment. Indispensable à la lutte contre les parasites en hiver, le gel – soldat du général hiver – peut vous détruire une récolte au printemps quand les bourgeons ont fait leur apparition. C’était le cas début avril 2021 dans la Vienne.