L’éleveur de volailles des Halles de Niort quitte Le Prieuré de la Dent (à Champbertrand) pour regrouper ses activités et ses salers avec ses volailles à Cours. En éternel fidèle à la vente directe.
Dixième étape de notre série deux-sévrienne sur le circuit court… à Cours. On ne peut être plus raccord, surtout quand il s’agit d’un éleveur qui a toujours cru à la vente directe. "C’est ma passion, parce que je vais jusqu’au bout des choses, de l’élevage à la vente en passant par la transformation. Les clients des Halles de Niort sont merveilleux : il n’y a aucun anonyme", s’enthousiasme toujours Francky Blanc, à 61 ans.
"Les bovins et les terres, c’est ma drogue" Francky Blanc, éleveur, ferme de La Gerbaudie, à Cours (Deux-Sèvres)
Pour les clients, c’est Francky. À l’état civil, c’est Frankie. Et dans la vie, c’est franc-parler. "Franchement, quand la moitié des terres sont consacrées à l’élevage, vous croyez qu’on peut mettre des céréales partout ? Qui entretiendra les friches ? Qui sera écologiquement responsable de la régénération des sols ?", répond-il à l’adresse d’une radicalité pour la cause animale qu’il ne goûte guère.
L’ancien Prieuré de la Dent (12e et 13e siècles), qu’il avait racheté en 2004 à une structure sociale, a changé de mains en octobre dernier. Restaurateur-skipper, kiné, architecte… ses successeurs rochelais, trois couples qui s’installeront ici, changent de vie pour se lancer dans la permaculture. En tuilage avec Martin et Barry pour les volailles
"En attendant la fin des travaux à La Gerbaudie, ils sont très sympas de me permettre encore de laisser les salers ici", se réjouit Francky, qui tourne la page d’un site où, de chambres d’hôtes en ferme auberge et gîtes, il n’a pas chaumé, en plus de l’élevage et du marché.
"Il était temps de lever le pied."
En tuilage avec ses deux jeunes employés, Martin et Barry, il se voit à terme leur céder la partie volaille, et continuer, lui, à vendre sa viande bovine dans son réseau. "Je ne suis pas une bête de concours et je suis libre, voilà ce qui me plaît par-dessus tout", explique-t-il sur son inextinguible passion. "Les bovins et les terres, c’est ma drogue", ajoute celui qui avait biaisé avec un CEP en mécanique agricole pour rejoindre un métier que son paternel voulait lui épargner. Cela l’a emmené dans ses vertes années à exercer en Guyane avec des zébus et des crevettes, en Irlande aussi, avant de revenir dans son berceau familial à Échiré, et de se lancer dans l’élevage de chèvres, un temps avec son frère Johnny Blanc, fromager bien connu des auditeurs de RMC.
En 1985, Francky rachetait un banc de volailles, allée centrale, sous les Halles de Niort. Près de 40 ans plus tard, il ne regrette rien. "Cela a été très dur. J’ai commencé avec rien dans des conditions très difficiles mais je ne changerais rien de cette histoire-là", sourit-il aujourd’hui.