Samedi 5 et dimanche 6 mars 2022, l’association Les Caquetteuses vend à moindre coût des poules sauvées de l’abattoir à Sainte-Gemme, près de Thouars. Avec un succès fou.
Dans un lieu-dit reculé de Sainte-Gemme, la longue file de voitures garées sur le bas-côté trahit le déroulement d’un événement particulier. Dans la cour d’une maison ouverte au public pour l’occasion, Brice Lahy et Manon Dugas, responsables de l’association Les Caquetteuses, distribuent 600 des 19.000 poules qu’ils ont sauvées de l’abattoir. Seuls ceux et celles qui avaient réservé à temps leur animal ont été prévenus du lieu de rendez-vous par SMS. L’accord, oral et tacite, prévoit que les poules ne doivent pas finir à la casserole, et qu’elles doivent être bien traitées.
Les acheteurs devaient, avant de pouvoir repartir les cartons pleins, décliner leur nom pour vérifier qu’ils figuraient bien sur la liste, et verser la somme due. Quelques informations sur la nécessité de déclarer en mairie la présence du cheptel et des généralités sur la grippe aviaire faisaient aussi partie du lot.
« Nous venons de refaire notre poulailler. Nous avions déjà cinq poules, on en prend six supplémentaires. Cela nous a donné davantage envie quand on a su qu’elles allaient ainsi éviter l’abattoir », précisent par exemple Frédéric Teston et Sonia, sa compagne. Pour ces habitants de Brion-près-Thouet, les oiseaux revêtent de l’intérêt pour les œufs qu’ils continueront à pondre, mais aussi parce qu’ils mangent les restes. Pour Jérémy Braconnier, cette opportunité lui permet de se lancer. « Mon beau-frère en a, mais je n’en avais pas encore. C’est bien pour les enfants, ainsi que pour éliminer certains déchets. »
C’est effectivement un de leurs talents mis en avant par Les Caquetteuses. « À elle seule, une poule peut réduire de 150 kg les déchets d’un foyer », assure Brice Lahy, président de l’association refuge, bien occupé à préparer les commandes à une file discontinue d’acheteurs.
Les 25.000 poules sauvées à temps
C’est qu’il fallait écouler les 600 gallinacés en deux heures de temps. « Les poules sont dans les caisses depuis 11 heures ce matin, il ne faut pas qu’elles y restent plus de huit heures. Question de bien-être », ajoute cet informaticien qui s’est temporairement placé au chômage pour pouvoir s’engager dans la cause qu’il défend assidûment. « C’est pour l’instant un travail à temps plein. Depuis novembre, il y a 25.000 poules à sauver d’un élevage qui a fait faillite. Il en reste 6.000. Donc on passe nos journées sur les routes. On a parcouru 7.000 km depuis janvier. Et on devrait réussir à leur éviter l’abattoir », espère-t-il.
Les Thouarsais ont bien joué le jeu. Au départ, Brice Lahy et Manon Dugas espéraient vendre 300 poules… Ils ont donc pris le double, et reviennent ce dimanche avec un stock identique. Soit 1.200 en deux jours. « Et encore, on ne s’interdit pas un troisième voyage, plus tard, car on a encore 900 demandes… », explique Manon Dugas. Toutes pourraient ne pas être pourvues.