L’existence de la méconnue fritillaire pintade, plante printanière, sur la commune de Saint-Martin-de-Sanzay n’a pas attiré un grand public. Dommage, car le guide du jour, Olivier Chartrain, et sa visite parfaitement documentée d’une prairie naturelle en bordure du Thouet, valaient le déplacement. Sans excès aucun ni discours extrémiste, l’homme sait montrer aux visiteurs les méfaits d’une gestion de la nature plus soucieuse de rentabilité immédiate que de préservation des espèces propres à ces zones humides. C’est en effet dans ces prairies alluviales, souvent inondables, que l’on peut découvrir cette plante printanière, la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) et plus particulièrement dans la partie ouest de la France. Comme la tulipe, elle passe l’hiver sous terre avant que le bulbe libère la fleur au printemps. Appelée aussi « bounet d’évêque » pour sa forme et sa couleur, elle peut être plus rarement blanche. Tachetés comme le plumage de la pintade, ses pétales sont orientés vers le sol, « une punition divine » aime à dire Olivier rappelant une ancienne légende.
Une des personnes présentes évoquera ses souvenirs d’enfance. Un temps où, avec ses camarades de classe, elle cueillait cette fleur, pour en faire des bouquets que l’on vendait au profit de l’école, ou sa grand-mère mettait ces fleurs dans l’eau de cuisson pour colorer les œufs durs en violet. Fin de la balade en passant par le chai du guide, viticulteur de métier, pour déguster un de ses blancs moelleux et l’entendre citer Giono : « On ne peut pas vivre dans un monde où l’on croit que l’élégance exquise du plumage de la pintade est inutile. Ceci est tout à fait à part. J’ai eu envie de le dire, je l’ai dit », tiré d’Un roi sans divertissement, devant un public ravi et prêt pour une nouvelle sortie.