Après une seconde nuit de gel, vergers et vignobles des Deux-Sèvres ont de nouveau été soumis à rude épreuve. Le point avec des producteurs de fruits en Gâtine et des vignerons du Thouarsais.
Le froid mordant aura laissé des traces plus ou moins marquées selon les territoires. Du côté des viticulteurs du Thouarsais, les conséquences semblent a priori modérées. À Soulbrois (Thouars), sur les terres de Sébastien Prudhomme (domaine de la Rochelambert), on est même optimiste. « S’il y a des dégâts, ils seront limités », positive-t-il. Dans ses vignes, la nuit de dimanche 3 à lundi 4 avril 2022 (-3 °C) a été un peu moins froide que la veille (-3,7 °C). « Et surtout moins humide. » Donc moins de gel. « Sur beaucoup de parcelles, les vignes n’étaient pas encore très avancées en termes de stade végétatif. Seules les vignes un peu plus précoces ont pu subir quelques dégâts. »
Éoliennes, braseros, aspersion d’eau, etc.
C’est aussi ce qu’a constaté François Martin (domaine des Martin), dont les vignes sont plantées entre Cersay (Val-en-Vignes) et Bouillé-Loretz (Loretz-d’Argenton). Lui a perdu quelques bourgeons supplémentaires à la défaveur d’une nuit de dimanche à lundi plus froide. « Mais de manière générale, les vignes sont moins précoces que l’an dernier, donc il y a moins de bourgeons à risque. » Son équipement (éoliennes et braseros) n’a pas permis de tout préserver du froid mordant. « Ces épisodes à répétition vont nous amener à réfléchir sur nos pratiques. »
À l’instar des vignerons du Thouarsais, les producteurs de fruits de Gâtine n’ont pas beaucoup dormi dans la nuit de dimanche à lundi. « Nous avons mis en route l’aspersion d’eau vers minuit, raconte Hervé Desnoues qui possède 21 hectares de pommiers et 1,5 hectare de poiriers à Allones. C’est le moyen le plus efficace pour protéger nos arbres. » Les producteurs de fruits projettent de l’eau sur les arbres. En gelant, l’eau se transforme en glace et libère des calories qui vont protéger contre le gel l’air qu’elles ont emprisonné. Il est aussi possible d’utiliser des bougies « beaucoup plus coûteuses », ou une turbine qui fonctionne au gaz et brasse de l’air dans les rangs de pommiers. « Je dois encore faire l’état des lieux, indique Hervé Desnoues. Il y aura des fleurs gelées, mais nous sommes en retard dans notre région. Je pense que la récolte est sauvée. »
« Impossible de faire un état des lieux précis »
Mais Jacques Perochon, qui exploite 17 hectares de pommiers à Clessé, est moins optimiste. Le thermomètre est descendu jusqu’à -5,7 °C. « Il faut savoir raison garder, ne pas être catastrophiste. Mais sur certains arbres, comme pour la reinette clochard, la majorité des fleurs ont gelé, détaille le vice-président des producteurs de fruits des Deux-Sèvres. Heureusement que pour d’autres variétés, telles que la golden, le stade n’était pas encore très avancé. » Mais, pour l’instant, « impossible de faire un état des lieux précis », selon Jacques Perochon, qui conserve son sang-froid. Il espère surtout qu’au cours des prochaines semaines, « la nature ne sera pas trop méchante ».