Forts de leur impressionnante variété de céréales bio, ces chantres du circuit court développent leurs marques. 14e étape de notre série sur la vente directe agricole dans les Deux-Sèvres, cette fois à Plaine-et-Vallées, chez Émilie et Antoine Gorry.
Impossible d’être exhaustif tant la diversité des céréales ou légumineuses qu’ils cultivent et transforment est aussi une marque de fabrique maison. Dans leur magasin d’Auboué, à Plaine-et-Vallées, Émilie et Antoine Gorry fourmillent d’idées pour décliner tous ces produits, à commencer par les marques de la maison.
À quelques kilomètres de là, sur les 170 ha de cultures de céréales de la ferme paternelle de La Coindrie qu’a reprise Antoine, la conversion bio lancée un peu avant, pour l’envol professionnel fermier de ces trentenaires, est désormais effective. Après 15 ans de secrétariat pour Émilie, fille d’éleveurs à Glénay, et des années en costard de technico-commercial en engrais pour Antoine issu d’études agricoles, le couple aussi a réussi sa conversion.
"Il y avait tant de choses à développer qui ont du sens"
Antoine Gorry, agriculteur, EARL Gorry, à Plaine-et-Vallées
Le double déclic est venu du dos d’Antoine et de son opération, à 30 ans. "Cela a été une grosse remise en question ; j’entendais beaucoup d’agriculteurs se plaindre alors qu’il y avait tant de choses à développer qui ont du sens", raconte-t-il.
Le voici aux antipodes des engrais agricoles, aujourd’hui. Quant à la deuxième lame du déclic, elle est arrivée un jour avec Émilie, revenue avec un paquet de pâtes artisanales de la Biocoop. "On va faire des pâtes", a-t-elle lancé. L’idée a fait mouche.
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L’envie de "transmettre un message écologique aux enfants"
Depuis leur installation au 1er janvier 2020, ils n’ont eu de cesse de multiplier les entrées. Côté céréales, graines et légumineuses, on a un sacré éventail : blé tendre et dur, petit et grand épeautre, sarrasin, tournesol, lin, graines de chia, lentilles, pois chiches, caméline et on en passe. Le tout avec, en pilier, 40 ha de luzerne en rotation pour régénérer les sols.
"Avoir du sens dans le travail, en tant que commercial, c’était aussi ce plaisir de vendre ses propres produits de qualité avec le moins d’impact carbone possible en ramenant de la vie dans toute sa biodiversité", ajoute Antoine.
C’est là où la transformation des produits vendus en direct au magasin en sachets ou en vrac, prend effectivement tout son sens. Surtout niché au creux de ce village où le couple, deux enfants de 6 et 9 ans, s’est également installé. "On avait aussi envie de leur transmettre un message écologique, aux enfants, un message de respect pour la nature", confie Antoine.
"Vendre des produits de sa propre fabrication, c’est plus intéressant que de vendre ceux des autres… On sait pourquoi on se lève le matin", devise Émilie.
Et maintenant, crackers-apéro avec les bières !
Pas à court d’imagination, leur gamme agricole d’une trentaine de produits se décline en deux marques. Sur nos terres, pour ceux issus des cultures et transformés, farines, huiles et pâtes notamment.
Et, du même nom que le gîte pour six personnes ouvert ici en 2018, La Bonne Francette - en écho à la voie de rando à vélo La Vélo Francette qui passe par ici -, les autres déclinaisons invitent au partage : il y avait les bières maison et voici, grande nouveauté en cours de lancement, les gâteaux apéro pour aller avec. Des crackers, là aussi déclinés : nature, aux olives, tomate-origan ou piment d’Espelette. Faits de farines et de graines maison, cela va de soi. D’ailleurs, s’agissant des graines bio, l’idée d’en fournir à des boulangers artisanaux locaux est elle aussi sacrément en train de… germer.
Elles et ils font l’agriculture dans les Deux-Sèvres. Néo-ruraux exilés, jeunes avec leurs nouvelles idées et pratiques ; ou plus anciens, natifs d’ici, garants d’un savoir-faire et d’une forte tradition désormais mâtinée de la nécessaire évolution du métier, ils ont opté pour la vente directe des fruits de leur labeur.
Le premier confinement de 2020 a particulièrement mis en lumière les vertus du circuit court, tendance forte dans les Deux-Sèvres aussi. Dans cette nouvelle série, à suivre au gré d’une rencontre paysanne toutes les deux semaines, c’est également en creux un portrait actualisé de l’agriculture dans cette « Petite France agricole » d’aujourd’hui, surnommée ainsi pour sa diversité si représentative de ce que l’Hexagone rural offre à manger à ses habitants.
Si vous avez manqué les précédentes rencontres :