Après un an et demi d’existence seulement, la start-up « Créateur de forêt » croule aujourd’hui sous les sollicitations. Interview de son fondateur, Baptiste Trény.
Il en a parcouru du chemin, le jeune Baptiste Trény, depuis que la NR lui a consacré son tout premier article en 2020 ! Aujourd’hui, le chef d’entreprise à la fibre environnementaliste est assailli de toutes parts. Son idée de créer des forêts a rencontré le succès…
Vous avez quitté votre travail fin 2020 pour lancer l’entreprise « Créateur de forêt ». Rappelez-nous le concept…
« Je plante des arbres sur des parcelles appartenant à des collectivités dans le but d’y favoriser la biodiversité. C’est pour moi une façon de contribuer à l’avenir de notre planète car il est urgent d’agir. Mais ces plantations ne sont que la partie visible de ma démarche : il y a en amont un long travail de préparation, notamment la recherche de mécènes pour financer les projets. Une fois le massif planté, il faut encore l’entretenir, suivre son évolution… »
Vous vous résumez comme « un promoteur de biodiversité ». Pourquoi ?
« Comme le fait un promoteur immobilier qui construit des maisons, nous mobilisons plusieurs métiers au service des primo-accédants à l’écologie pour bâtir un avenir meilleur : des écologues qui évaluent les potentiels des parcelles et proposent les essences qui s’accorderont le mieux à leur environnement, des paysagistes qui nous aident à nous projeter en dessinant ce à quoi ressemblera la forêt dans cinq, vingt-cinq et cent ans, des agriculteurs pour préparer les terrains, des écoliers ou les élèves des lycées agricoles pour les plantations, les naturalistes pour suivre l’évolution du massif pendant cinq ans… »
Les parcelles que vous plantez deviennent-elles des sanctuaires ?
« Si elles étaient des sanctuaires, cela signifierait que l’homme n’y a pas sa place. Or, ces lieux doivent pouvoir être des supports d’éducation à l’environnement ou des lieux pour se ressourcer. Je préfère parler de « servitudes environnementales », ce qui signifie que certaines actions, comme les coupes pour des raisons financières, y sont interdites pendant au moins quatre-vingt-dix-neuf ans. »
L’un de nos objectifs est de fidéliser nos partenaires pour créer une récurrence. La nature, le vivant, la biodiversité ne peuvent pas être un CDD. Baptiste Trény, créateur de forêt, Niort
Les particuliers peuvent-ils faire appel à vous pour proposer des terrains ?
« Ils nous sollicitent souvent mais, pour le moment, nous refusons, malheureusement : nous ne voulons pas générer des conflits dans le futur. Imaginez, vous héritez d’une forêt protégée par une « obligation réelle environnementale » et on vous explique que vous ne pouvez pas l’exploiter… Ce serait trop sujet à litige. »
Combien coûte la création d’une forêt ?
« Tous les coûts liés à nos différents prestataires, fournitures et autres partenariats externes nous reviennent à 30.000 € l’hectare soit 3 € le m2. Afin d’assurer la rentabilité de l’entreprise et prendre en compte les charges, le m2 de biodiversité est parrainé à hauteur de 5 € /m2 hors-taxes par nos financeurs entreprises et particuliers. »
C’est cher…
« Tout dépend de ce qu’on veut faire. Nous pourrions choisir des arbres importés, mais nous préférons des plants labellisés « Végétal local », plus chers. Nous pourrions nous passer des expertises naturalistes mais nous commettrions des erreurs. Nous pourrions ne pas louer de cars pour faire venir des scolaires, mais notre démarche perdrait son volet sensibilisation et ferait moins sens… Nous devons être exemplaires à chaque étape de nos projets. C’est pourquoi nous recourons aussi au réemploi quand on va chercher nos piquets dans des déchetteries partenaires ou qu’on entoure les jeunes plants de poches ostréicoles qui finiraient broyées. »
Certains émettent des réserves sur votre démarche. Ils estiment que « préparer » les parcelles comme vous l’avez fait à Plaine-d’Argenson en défrichant le terrain contredit votre intention première qui est de préserver la biodiversité…
« Ils n’ont pas tout à fait tort. Il est évident que la nature n’a pas besoin de nous pour se régénérer, il suffit de lui foutre la paix. Mais si je plante des arbres, c’est non seulement pour stimuler de la biodiversité mais c’est aussi pour fédérer et sensibiliser : sans ces plantations, on ne mobiliserait pas les élèves d’une école, on atteindrait moins les élus ou les chefs d’entreprise. Quand on va sur le terrain, le message devient concret et passe bien mieux. Je fais en sorte que cet acte de plantation, en complément des conférences que nous organisons, soit une occasion de montrer qu’il n’est pas difficile d’agir pour préserver la nature. En fédérant un maximum et en expliquant notre démarche, nous contribuons à laisser la nature tranquille pendant un siècle. Notre passage garantit la durabilité de la biodiversité sur ces sites. »
Contacts : Baptiste Trény au 06.62.79.60.37
et par mail à baptiste.treny@createurdeforet.fr
et sur le site www.createurdeforet.fr