Le moustique tigre est implanté à Niort. Ailleurs dans les Deux-Sèvres, une trentaine de pièges ont été posés pour le débusquer. Il peut être vecteur de virus et d’épidémies.
L’histoire retiendra que c’est la vigilance d’une habitante qui a permis de découvrir l’implantation du moustique tigre dans les Deux-Sèvres, dans une seule ville pour l’instant, celle de Niort. En voyant ce moustique tigré blanc et noir, elle avait envoyé un signalement grâce aux dispositifs de participation citoyenne (1). Des relevés de pièges ont ensuite confirmé, dans son quartier de Ribray et ailleurs. C’était en 2019.
Une trentaine de pièges posés
Depuis, la veille reste active pour voir s’il a colonisé d’autres endroits du département. « Une trentaine de pièges ont été posés dans le département en avril », indique Maxime Robert, ingénieur d’études sanitaires à la délégation départementale de l’ARS. « Il y en a sur le secteur de Thouars, Parthenay, Bressuire, Saint-Maixent ainsi qu’autour de Niort, à Chauray et Bessines. » Et même s’il est déjà considéré implanté à Niort, des pièges ont été installés à côté de l’hôpital et de la polyclinique de même qu’autour du centre hospitalier Nord-Deux-Sèvres à Faye-l’Abbesse.
Les lieux de soins sont stratégiques car davantage propices à accueillir des personnes malades, notamment atteintes des maladies que le moustique tigre peut véhiculer : la dengue, le chikungunya et zika. « Le but est d’éviter que ces deux-là, les moustiques tigres et des personnes qui ont ces maladies se rencontrent. » Car en faisant l’un de ses « repas de sang », autrement dit en piquant une personne malade, le moustique devient porteur du virus et peut le transmettre à une autre personne lors d’une nouvelle piqûre. Un seul cas de dengue, importé, dans les Deux-Sèvres en 2021
« Pour l’instant, aujourd’hui, les moustiques que l’on a dans la métropole ne sont pas porteurs. » Et jusqu’ici, aucun cas autochtone n’a été détecté en Nouvelle-Aquitaine, il s’agissait uniquement de « cas importés », c’est-à-dire de personnes de retour de voyage contaminées au cours de celui-ci. « Dans les Deux-Sèvres, nous avons eu seulement un cas de dengue en 2021, une personne qui revenait du Moyen-Orient. »
Ces maladies étant à déclaration obligatoire, dès le signalement, une enquête est diligentée pour savoir par où la personne a transité. « Il faut être très réactif dès le premier cas. » Ce cas-là a mobilisé « trois agences régionales de santé », étant passé par Paris et Strasbourg. Et si nécessaire, « un traitement insecticide est effectué dans les lieux où la personne s’est rendue, les jours suivants les symptômes pour tuer les moustiques, par précaution, pour qu’ils ne contaminent pas d’autres personnes » s’ils sont porteurs. « Ce sont des opérations lourdes, assez impressionnantes avec des personnes en combinaisons blanches. » Il n’a pas été nécessaire finalement, l’an passé, de traiter dans les Deux-Sèvres.
Ne lui offrez pas le gîte !
En parallèle, l’objectif de la veille avec les pièges consiste à surveiller l’évolution de la répartition du moustique. « En Nouvelle-Aquitaine, il est très présent dans le sud » et jusqu’à Bordeaux, très concernée alors qu’au nord, les signalements restent faibles. « En menant des actions pour limiter sa présence, on freinera aussi son avancée », rappelle Maxime Robert qui invite la population à apporter sa petite contribution en partant à la chasse aux gîtes larvaires, ces mini points d’eau stagnante où la femelle peut pondre jusqu’à 200 œufs tous les douze jours. Si vous ne voulez pas être son couvert, évitez de lui offrir le gîte !
(1) Site officiel pour signaler des moustiques : signalement-moustique.anses.fr ou par téléphone portable sur l’application « i Moustique ».
"L’action la plus efficace, c’est de chasser les eaux stagnantes"
Avant toute chose, il faut savoir que le moustique tigre n’est pas un grand voyageur, il vit dans un petit périmètre de 150 m autour de son lieu de naissance. Autrement dit, « si on trouve un moustique tigre, le gîte est très près, potentiellement dans son jardin ou dans les alentours », explique Maxime Robert.
« Le nerf de la guerre, l’action la plus efficace, c’est de chasser les eaux stagnantes. » Le moustique tigre vit un à deux mois et la femelle a besoin d’eau pour déposer ses œufs. En sachant qu’elle peut pondre jusqu’à 200 œufs tous les douze jours !
Alors pour éviter leur prolifération, il suffit de faire la chasse à ces lieux de reproduction où l’eau stagne : les coupelles de pots de fleurs, un arrosoir qui traîne, des jouets pour enfants mais aussi les bâches sur un tas de bois, du mobilier de jardin, des toits terrasses aux évacuations imparfaites…
« On sait qu’une capsule de bière à l’envers peut suffire. » C’est dire s’il faut traquer le moindre recoin. En sachant qu’ « il faut une à deux semaines entre l’œuf et l’éclosion », ce qui permet d’effectuer une surveillance « zen » : « Il suffit de faire un tour une fois par semaine. » Et même en l’absence de moustique tigre, cela sera toujours bénéfique pour éviter d’offrir le gîte aux espèces plus communes.