Pour en faire des lieux propres et plus conviviaux, les cimetières de Thouars seront prochainement tous entièrement naturalisés. Ou comment redonner un peu de place à la biodiversité…
Depuis le 1er juillet 2022, l’utilisation des produits phytosanitaires est complètement bannie dans tous cimetières de France. La Ville de Thouars avait pris les devants, en y mettant un terme dès 2010, tandis que les communes déléguées, à l’époque autonomes, ont pris pareille décision en 2015. Une contrainte si forte pour tenter d’éradiquer les plantes indésirables que la collectivité a finalement décidé, à terme, d’opter pour une naturalisation de ces espaces.
Trois années nécessaires pour naturaliser la Magdeleine
À l’heure actuelle, quatre des six cimetières sont totalement végétalisés : Sainte-Radegonde (depuis 2015), Féolles (2018), Mauzé-Thouarsais et Rigné. Reste donc les cimetières de Missé et de la Magdeleine, qui entrent à leur tour dans le processus. « À la Magdeleine, il y a même des parties déjà végétalisées. Les autres, sont en cours, prévient Yann Coutarel, responsable du service espaces verts et propreté à la Ville. Mais cela se fera progressivement à partir de septembre. Pour les deux hectares, on estime qu’il faudra trois ans », prévient-il. Le temps que la nature opère. Les deux cimetières seront néanmoins partiellement minéralisés à l’occasion de la prochaine Toussaint.
Concrètement, les agents communaux vont, sous leur contrôle, laisser la nature investir les allées et les espaces entre les tombes. « Nous procédons à une sélection des espèces végétales spontanées, en retirant manuellement les indésirables. On va également engazonner de manière à avoir, à terme, moins d’entretien. » Car ce choix, radical, n’est pas sans conséquence sur le travail : « Là où il fallait deux semaines à un seul agent pour gérer avec des produits phytosanitaires, cela demande quatre mois de travail à plusieurs agents maintenant. » L’entretien des cimetières s’effectue toutes les deux semaines, et un agent passe aussi toutes les semaines. « Et toujours dans le respect des défunts », assure le chef de service.
Les nombreux avantages d’une végétalisation
Certes, cela a un coût, mais il y a des bénéfices, également. « Sans phytosanitaires, on respecte davantage les usagers et les morts. C’est aussi moins d’utilisation de l’eau, et une diminution de la pollution des sols », souligne Yann Coutarel. « C’est aussi plus de biodiversité », souligne pour sa part Thierry Gonnord, chef d’équipe et responsable de l’entretien de plusieurs cimetières. L’agent dit revoir des chardonnerets (oiseaux), des escargots et des papillons qui avaient déserté les cimetières. « Avant, c’était devenu stérile. Là, le cimetière redevient un lieu de vie », poursuit-il.
Alors certes, on est loin des allées où rien ne dépasse. Certains le font d’ailleurs remarquer. « En réalité, nous avons surtout droit à des réflexions sur les réseaux sociaux. Mais ceux qui nous croisent sur place nous font plutôt des retours positifs », confie Thierry Gonnord. Une histoire d’habitudes nouvelles à prendre…