Comme beaucoup de rivières en cet été 2022, le Thouet est en souffrance à cause de la sécheresse. Même des cours d’eau que l’on pensait intarrissables risquent l’assec.
Les voyants sont au rouge. Le Thouet et ses affluents, comme de nombreuses rivières françaises et d’ailleurs, connaissent une situation inédite : un niveau d’eau si bas qu’il en devient critique. « Le plus incroyable reste la précocité du phénomène, qui découle d’une sécheresse hivernale, puis printanière, puis estivale », souligne Guillaume Charruaud, technicien rivière au sein du syndicat mixte de la vallée du Thouet (SMVT). Il est normal qu’à la belle saison, les niveaux baissent.
Dans le jargon, cela s’appelle l’étiage. « Sauf que là, nous sommes dans des conditions d’une fin septembre. L’été risque d’être interminable. Tous les signaux d’alerte s’allument un peu plus de semaine en semaine », poursuit le technicien. C’est d’autant plus vrai dans la partie aval du Thouet, au-delà de Saint-Loup-Lamairé, sur la portion thouarsaise de la rivière, où les mesures de restrictions d’eau ont globalement atteint le seuil d’alerte renforcée. Plus loin encore, à Montreuil-Bellay, station de référence, le débit moyen journalier est si faible (0,113 m3/s) que le seuil de coupure est dépassé.
"Rappeler l’importance et la fragilité des milieux aquatiques"
Les affluents du Thouet ne sont guère en meilleur état. Si ce n’est pire encore. « On constate une absence d’écoulement sur de nombreux cours d’eau, y compris certains que l’on pensait permanents », analyse Guillaume Charruaud. Par exemple, la cascade de Pommiers, qui avait la réputation d’être intarissable, n’est aujourd’hui plus une cascade : des eaux saumâtres baignent seulement son pied, sans écoulement. Au détriment de la biodiversité.
Car c’est bien l’un des enjeux. « Il est nécessaire de rappeler l’importance et la fragilité des milieux aquatiques », insiste le technicien, alors même que leur résilience est de plus en plus éprouvée chaque année. Ceux et celles qui jugeraient négligeable la perte de cette biodiversité oublient alors que nous vivons dans un espace où les systèmes sont imbriqués les uns dans les autres.
Ainsi, ces conditions climatiques constituent un terrain favorable pour le développement des cyanobactéries, ces bactéries aquatiques toxiques. « On assiste alors à un phénomène d’emballement : l’eau est interdite à la baignade, on déconseille même de manger les poissons pêchés dans ces eaux concernées, ainsi qu’aux animaux de boire. » Sans parler de la longue liste de restrictions qui s’appliquent aux agriculteurs et aux particuliers.
••• Des actions à mener
Si les faibles quantités de pluie tombées depuis l’hiver dernier contribuent à la situation actuelle, ce n’est pas là la seule explication. « Aujourd’hui, on voit les conséquences dans les cours d’eau, mais c’est au niveau du bassin versant que ça se joue », confie Guillaume Charruaud, le technicien du SMVT. Et son président d’approuver : « Les zones humides, les boisements, les haies constituent autant d’éléments qui conservent l’eau l’hiver, et la redistribuent en période de disette, explique Olivier Cubaud. Souvent, on les voit comme des obstacles alors on les détruit. Et pourtant… »
Ainsi, puisqu’il est difficile à notre échelle de forcer la pluie à tomber, il existe des solutions pour limiter la baisse drastique du niveau des rivières durant l’étiage, même en période sèche : « replanter des haies, des arbres pour refaçonner des paysages, lutter contre l’artificialisation des sols, ou mettre en place une agriculture plus raisonnée avec de la polyculture par exemple. Il y a des choses à faire », précise Olivier Cubaud. Les idées sont là, mais la mise en pratique est toujours plus difficile. « On en est au début de la prise de conscience, reconnaît le président du SMVT. Or, il faudrait que l’on soit actuellement dans la mise en place des solutions. » Ce retard pourra-t-il encore être comblé ?