La chaleur et la sécheresse ne sont pas les amies du jardinier. Face à l’évolution de la météo, de nouvelles espèces végétales mieux adaptées conquièrent nos jardins. D’autres disparaissent.
Tous ceux qui ont un bout de jardin ou une terrasse savent de quoi on parle : le réchauffement climatique, jalonné d’épisodes caniculaires à répétition, influe sur le règne végétal. Certaines variétés de plantes supportent de plus en plus mal les niveaux des températures et les déficits hydriques. D’autres espèces végétales s’épanouissent au contraire. Résultat : la physionomie de nos jardins évolue. Et en amont, les gammes de vivaces et d’arbustes dans les pépinières aussi.
Les conifères n’ont plus la cote en Touraine
« Cette évolution est lente, corrige Arnaud Crosnier, pépiniériste à Nazelles-Négron, mais elle est là. Nos clients réclament de plus en plus de plantes qui résistent à la sécheresse, comme les sedums, les agaves, les aloes, ou les agapanthes qui fleurissent un peu partout parce que c’est une plante qui s’adapte très bien à la Touraine, mais qui nécessite quand même qu’on s’en occupe. » Autre effet : la météo changeante a eu la peau d’autres espèces, pour lesquelles la demande se tarit depuis quelques années. « C’est le cas des conifères comme les cèdres ou les petits pins nains, et c’est surtout vrai pour les conifères en haies, comme les thuyas ou les cyprès de Leyland. La demande a complètement chuté. » Ces grands classiques de nos haies taillées supportent mal les gros coups de chaleur, « et quand c’est grillé, c’est fichu ». Face à cette situation, les producteurs et les professionnels du jardin ont vu leur activité de conseil gagner de plus en plus d’importance aux yeux de la clientèle. « D’autant plus qu’avec la période du Covid, les Français ont témoigné leur grande passion pour le jardin qui est devenu la cinquième pièce de la maison. » (1)
« Les gens veulent de beaux jardins avec un minimum d’entretien »
Les arbres fruitiers ont eux aussi profité de cet engouement. Les variétés traditionnelles de nos jardins résistent autant au changement climatique qu’aux modes jardinières. « En Touraine, on achète encore beaucoup de pommiers, de cerisiers et de pruniers, et l’abricotier a de plus en plus la cote ; particulièrement les variétés du Précoce de Saumur et de l’Alberge de Tours. » Revers de la médaille, les clients revendiquent des jardins superbes mais avec le moins d’entretien possible. « C’est pourquoi, de plus en plus de gens se tournent vers des paysagistes et des sociétés d’entretien du jardin, qui sont défiscalisées à 50 % », glisse Arnaud Crosnier.
(1) Le Covid a engendré un véritable « boom » du jardinage. En France, l’activité économique autour du jardin a fait un bond de +30 % en 2021.