Des plantes en fleur, des abeilles affairées, des animaux qui retardent leur hibernation, des oiseaux qui chantent et surtout des moustiques en nombre… Cette fin de mois d’octobre est particulièrement chaude, avec des températures bien au-dessus des normales attendues - de l’ordre de 5 à 7 degrés - et l’environnement s’en ressent. "La nature est un peu perdue", observe William Cheyrezy, chargé de mission entomologie à Deux-Sèvres nature environnement (DSNE).
De données réellement chiffrées sur ce "ressenti", pour l’instant il n’y a pas. Mais ses oreilles sont en alerte. "Les oiseaux chantent beaucoup mais pas comme au printemps, ils ne sont peut-être pas trop perturbés." Ses yeux aussi travaillent : "Les chauves-souris ne sont pas encore parties hiberner, quel impact ça aura sur leurs organismes ?", demande-t-il.
Plus de moustiques fin octobre normalement
Les insectes sont en ébullition également. Les piqûres de moustique en témoignent. "Leur développement est lié aux températures, c’est mécanique." Une analyse confirmée par les sociétés de lutte anti-insecte, comme la Sapa, présente à Niort et Thouars. "D’habitude on ne traite plus du tout le moustique fin octobre. Là oui, surtout le tigre", fait-on savoir.
Un automne chaud, un été brûlant, un printemps sec, pas d’hiver… L’enchaînement peut sembler parfait pour le développement des hyménoptères mais "les gelées de mars et la floraison moindre à cause des températures caniculaires a ralenti l’activité des abeilles", remarque Christophe Suire, de l’antenne deux-sévrienne de la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon).
Avec la chaleur, elles ont depuis repris du poil de la bête et "butinent plus que d’habitude", se frotte les mains François Chauveau, président du syndicat l’Abeille des Deux-Sèvres. S’il ne constate pas une mortalité supérieure de ses protégées en ce moment, leur plus grand prédateur, le frelon asiatique, est au centre de toutes les observations. Les attaques survenues vendredi 21 dans le Pas-de-Calais et dimanche dernier, à Niort, le place sur le devant de la scène.
Signaler la présence du frelon asiatique, un impératif
"On s’attendait à avoir plus d’appels les concernant avec le temps qu’on a eu, estime Christophe Suire, de la Fredon, mais c’est maintenant seulement qu’il commence à y avoir une légère recrudescence." Pour cause, cet insecte nuisible arrivé sur le territoire en 2009 niche souvent dans les arbres, en hauteur. Comme ceux-ci ont gardé leur feuillage plus longtemps qu’à l’accoutumée, les nids ne sont pas encore forcément visibles.
Certains professionnels du secteur assurent pourtant en voir davantage, y compris dans "des nids au ras du sol, dans des clapiers, des cabanes d’enfants ou des soupentes pour ranger le bois", raconte Fabien Nicoleau, de Gâti services guêpes et frelons. Il rappelle l’importance de signaler à chaque fois ces nids, pour lutter contre leur expansion rapide.