Dans le Courrier de l’Ouest du 9 Avril :
Nous célébrons ce mercredi 8 avril les 200 ans de la découverte de la Vénus de Milo. C’est un Thouarsais au destin exceptionnel, Olivier Voutier, qui trouva la célèbre sculpture antique, devenue une pièce maîtresse du musée du Louvre.
Nous sommes le 8 avril 1820, il y a tout juste 200 ans. Marin à bord d’une goélette de l’Armée royale, croisant au large de l’île grecque de Milos, Olivier Voutier est à terre avec son carnet de croquis. Passionné d’histoire, le natif de Thouars aperçoit un paysan cherchant des pierres pour clôturer son champ, et met au jour des pierres sculptées. Il l’aide à creuser et les deux hommes tombent nez à nez sur la Vénus de Milo. Le marin de 23 ans sait immédiatement qu’il s’agit d’une pièce remarquable et établit les premiers croquis qui, aujourd’hui encore, font référence », écrit Philippe Chauveau, auteur d’un article pour le compte de la Société d’histoire, d’art et d’archéologie du Pays thouarsais (Shaapt). La statue est ramenée en France en septembre 1820, offerte au roi Louis XVIII et cédée par ce dernier au musée du Louvre. La statue sans bras reste aujourd’hui l’une des œuvres antiques les plus célèbres au monde.
Son père, chef de brigade à Thouars
D’Olivier Voutier, on ne détient que son acte de naissance, le 30 mai 1796, à Saint-Cyr-la-Lande, dans le Thouarsais. Je me suis mis à travailler un peu par hasard sur ce monsieur, qui est complètement sorti des radars de l’histoire locale, dit Philippe Chauveau. Lui-même dans ses mémoires ne raconte pas son enfance. Son père, Pierre-Joseph Voutier, était alors chef de brigade, commandant la place de Thouars pour le compte de l’Armée républicaine, en pleines Guerres de Vendée. Son fils Olivier a-t-il passé seulement ses premiers mois ou toute une partie de son enfance à Thouars ? On sait seulement qu’il entre, à 15 ans, à l’école navale de Brest.
Olivier Voutier dans son uniforme de lieutenant-colonel de l’Armée grecque.
DOCUMENT SHAAPT
Lieutenant-colonel dans l’Armée grecque
Cela ne fait qu’une quarantaine d’années qu’Olivier Voutier est officiellement reconnu comme le découvreur de la Vénus. En effet, les gradés de l’armée, notamment l’explorateur Jules Dumont d’Urville, s’attribuent rapidement la découverte. Mais la Vénus de Milo n’est qu’un épisode dans la vie extraordinaire du natif de Thouars. Pris de passion pour la Grèce, ce dernier quitte l’Armée royale pour rejoindre la lutte pour l’indépendance grecque face à l’empire ottoman. Il sera d’ailleurs fait lieutenant-colonel de l’Armée grecque et deviendra rapidement un personnage incontournable dans la diplomatie française. Voutier publie notamment en 1823 « Mémoire sur la guerre actuelle des Grecs » qui se propage dans les salons parisiens. Il fréquente aussi les artistes, tel Eugène Delacroix », écrit Philippe Chauveau. Sans doute influencé par les lettres qu’il reçoit d’Olivier Voutier, le célèbre peintre réalise en 1826 « La Grèce sur les ruines de Missolonghi ».
Intime de la famille napoléonienne
L’helléniste est également un membre du cercle intime napoléonien. Proche d’Hortense de Beauharnais, fille adoptive de Napoléon Bonaparte, il séduit notamment la lectrice de cette dernière, Virginie Rabier. Avec elle, il aurait eu deux enfants illégitimes en 1831 et 1833, dont la paternité aurait été octroyée à un fictif baron… Raoul de Thouars.
À la fin de sa vie, Olivier Voutier se retira dans le petit château qu’il achètera à Hyères (Var), dans le sud de la France, où il décède le 19 avril 1877. Il y est aujourd’hui enterré. Finalement, sa découverte de la Vénus de Milo ne semble avoir été pour lui qu’une anecdote dans son parcours », résume Philippe Chauveau. Ou le destin exceptionnel d’un Thouarsais aux mille et une vies.