C’est l’un des nombreux dommages collatéraux liés au Covid-19. Et il devrait lui aussi causer de nombreuses victimes à plus ou moins brève échéance. Une sorte de bombe à retardement pour de nombreux patients qui, en raison du confinement mais aussi par crainte de croiser d’autres malades, font trop souvent une croix sur des soins pourtant essentiels.
"Une situation dégradée"
« Nous avons constaté un important renoncement aux soins en raison du Covid, une situation vraiment dégradée depuis le mois dernier », explique Thierry Charpentier, médecin à Mauzé-Thouarsais, au nom des plus de 150 professionnels de santé « de ville » (généralistes, spécialistes, infirmières, kinés, agents médico-sociaux…) du Thouarsais et de l’Airvaudais-Val-du-Thouet, désormais regroupés au sein de la nouvelle communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS, lire encadré). La perte d’activité est en moyenne de 50 %. D’où ce mot d’ordre : « Les gens ne doivent pas renoncer à se soigner ! ».
Accueil sécurisé pour tous
Ici, les praticiens ont pris les devants dès le 15 mars pour faire face à ce nouveau coronavirus. Aujourd’hui, dans chaque maison de santé (Thouars, Mauzé, Saint-Loup, Saint-Varent) et dans certains cabinets « isolés », l’accueil des cas suspects se fait « en toute sécurité », par des accès totalement séparés et/ou à des horaires différents. Aucune prise en charge n’est d’ailleurs possible sans un coup de fil préalable à son cabinet habituel. L’appel est traité par un médecin régulateur, chargé d’orienter le patient. « Le bon réflexe, pour des symptômes liés au Covid, toux et fièvre notamment, c’est d’appeler son médecin traitant. Et en cas de symptômes respiratoires marqués, il faut appeler directement le 15. »
"Ne pas avoir peur"
« Le président Macron a raison : le confinement reste essentiel et doit être scrupuleusement respecté, indique-t-il. Mais l’épidémie ne sera pas terminée le 11 mai. La situation va durer des semaines, voire des mois… » Serge Durivault, médecin à Thouars, embraie : « On a plus de chance d’attraper ce virus en se baladant dans la rue ou au supermarché que dans un cabinet médical. Les gens ne doivent donc pas avoir peur d’appeler pour consulter. Notre grande inquiétude, c’est d’avoir à gérer dans quelques mois des pathologies beaucoup plus graves, en matière de diabète ou de cancers par exemple. Des gens risquent de mourir pour avoir renoncé à se soigner à temps ».
Objectif 45.000 masques
« Il faut préparer les gens à un déconfinement très progressif et sous conditions strictes. » Parmi elles, l’obligation probable de porter un masque. D’où l’initiative de lancer, en partenariat avec les collectivités, une grande opération « un masque par habitant ». « Le CHU de Lille nous a transmis son modèle de masque alternatif en tissu (avec trois couches spécifiques : jersey, meltblown et coton). Il est lavable, réutilisable un mois et répond aux normes. Nous lançons donc un appel aux bonnes volontés pour fournir le tissu nécessaire, mais également pour coudre les masques… » Il y a près de 45.000 habitants dans le Thouarsais et l’Airvaudais, l’objectif est donc de créer autant de masques d’ici au 11 mai. « Ce serait une belle manière de montrer la capacité de notre territoire à se mobiliser face au virus. »
Toutes celles et ceux qui souhaitent aider peuvent contacter directement le centre socioculturel (au 05.49.66.76.40 et csc@thouars-communaute.fr).