Les cloches sonnent joliment au clocher catalan des Pyrénées où elle s’est installée dans la maison de famille de son mari… La journaliste Marie-Monique Robin explique au téléphone que, même loin de tout, elle est - comme toujours - hyperactive… « Je profite du confinement pour réfléchir, lire, compulser des articles… L’écologie m’habite depuis très longtemps. Je constate une montée des zoonoses (les infections d’origine animale comme le SRAS, Ebola), des épidémies infectieuses - alors que dans les années soixante on avait triomphé de la variole. Dans les années suivantes, on identifie une nouvelle maladie tous les dix-quinze ans ; maintenant c’est cinq par an ! » Son éditeur, La Découverte, est partant pour un livre d’enquête (par Skype ! ) auprès de vingt-cinq scientifiques internationaux étudiant ces épidémies, tandis qu’elle boucle aussi un projet de documentaire pour Arte. « J’ai téléchargé une centaine d’études qui confirment le lien entre déforestation, échanges globaux, etc. et ces maladies. » L’antidote c’est de « préserver la biodiversité », éviter la rupture des équilibres naturels.
L’antidote c’est de « préserver la biodiversité », éviter la rupture des équilibres naturels.
Marie-Monique Robin, journaliste
« Ce que je constate aussi, c’est qu’en parallèle il y a une crise du soin. Il faut changer de cap véritablement. La conscience en grandit dans la population ; on rejoint ce que disait Nicolas Hulot sur la fin du monde et la fin du mois. », Sa crainte, si le confinement passe trop vite, « c’est qu’on retombe dans les travers d’avant. Je ne perds pas espoir qu’on va réussir à faire en sorte que ça change ». Pour cela, elle passe à l’action et se concerte avec d’autres. « On reprend l’idée du Conseil national de la Résistance où des gens d’horizons très divers, des humanistes se sont mis ensemble, en reprenant l’idée des Jours heureux. On a veut créer une plateforme, une mosaïque pour proposer une solution à cette crise globale en partant du local mais avec les autres. Il est trop tard pour être pessimiste ! Il ne faut pas oublier que le dérèglement climatique concentre toutes les inégalités. »
Favoriser la coopération plutôt que la compétition, anticiper, rebondir… Vers une action politique alors ? « Je veux qu’on se rassemble sans prétendre à un leadership. C’est une dynamique vertueuse d’intérêt général, y compris avec la société civile. Il faut donner aux gens le droit de changer, comme dit encore Hulot. Il faut lancer un grand plan de l’économie avec le soin, le care et les communs au centre. L’écologie doit être la matrice de l’action publique. » Et la journaliste de mettre en garde « contre la machine néo-libérale qui est puissante et sait récupérer ! » mais aussi la tentation qui pourrait nous prendre « de partir huit jours à l’autre bout du monde en avion ».
Proposer une solution à cette crise globale en partant du local mais avec les autres. Il est trop tard pour être pessimiste !
Ses recommandations de confinée…