C’est un lieu ouvert, très vaste, que sa directrice espère pouvoir être dans les premiers à accueillir de nouveau du public quand le déconfinement sera lancé. « Les gens auront je l’espère besoin de prendre un bol d’art et d’air », explique Chantal Colleu-Dumond, qui sur place au Domaine de Chaumont-sur-Loire, dirige ses équipes. Tout doit être prêt quand la réouverture sera autorisée : le Festival des jardins devait ouvrir officiellement le 7 mai, à la mi-mai tout sera achevé.
« Nous sommes très inventifs et nous nous sommes adaptés. Le travail pour le Festival des jardins a commencé le 15 février et les équipes ont pu continuer jusqu’au 15 mars, beaucoup d’équipes étrangères avaient pu venir. Nous avons pris le relais en suivant leurs consignes. » Si beaucoup de salariés de Chaumont sont actuellement au chômage technique, 18 jardiniers se relaient par roulement de 3 pour respecter toutes les consignes de sécurité. Sur ce qui attend le visiteur quand il pourra découvrir ce 29e Festival des jardins, Chantal Colleu-Dumond ne veut pas en dévoiler davantage : on méditera sur l’énoncé du thème, « Les jardins de la terre, retour à la terre mère ».
« Penone et l’importance de respirer »
La saison d’art contemporain qui aurait dû être lancée en ce mois d’avril est elle aussi fin prête. Sur les 14 artistes invités, il reste juste une installation en cours de finition et une exposition de tableaux à accrocher. L’art est bien là au rendez-vous, réinventé une fois de plus. Attendant des visiteurs qui seront indispensables pour assurer l’année suivante. « Nous sommes déterminés à sauver notre saison, pour garder tous nos emplois. Car si le Domaine appartient à la Région, nous nous autofinançons à 75 % ! » On peut d’ores et déjà rêver à l’affiche que l’on devrait pouvoir découvrir dans quelques semaines. Deux grandes sculptures et une quarantaine de dessins de l’artiste italien Giuseppe Penone. Des arbres, un poumon de laurier en bronze qui vient nous rappeler que respirer est important. « Cela résonne immanquablement avec ce que vivent les Italiens comme nous actuellement. »
Une rétrospective du peintre Philippe Cognée, l’un des plus grands noms de la peinture française contemporaine, permettra de découvrir une trentaine de grands formats. Une vision un peu troublée due à l’utilisation de la cire, de paysages comme vus d’un train, où champs, forêts et broussailles sont rois. Les livres de verre et de cristal de Pascal Convert permettront de redécouvrir la bibliothèque des Broglie, détruite dans un incendie en 1957. L’artiste présentera également des souches cristallisées, extraites de la forêt de Mongiennes et datant de 1914, pour un travail exceptionnel sur le temps de la douleur.
Il y en aura bien d’autres encore à admirer dans les différents lieux d’exposition qui jalonnent le parc historique : les herbiers fantastiques de Marinette Cueco, la bibliothèque florale de Makoto Azuma, les cristaux de Léa Barbazanges, les plumes d’Isa Barbier, l’installation végétale de plus de 25 mètres de long de Bob Verschueren, les torsades de Marc Nucera, les oiseaux de Wang Keping, etc. « C’est une saison très riche et très variée, avec beaucoup de choses à découvrir en extérieur », promet Chantal Colleu-Dumond.