Les Thouarsais respectent comme ils le peuvent la limite d’une heure pour s’occuper de leur jardin familial. Une sortie quotidienne essentielle pour ces amoureux de potagers.
Son potager est parfaitement propre, à Michel Perdriau. Pas étonnant pour celui qui a de nouveau remporté cette année le premier prix du concours des plus beaux jardins. Le retraité y est tous les jours ou presque depuis quinze jours, à raison d’une heure quotidienne. C’est la période où il y a tout à faire », dit cette figure des jardins familiaux des Ursulines, en bordure du Thouet, où il loue un lopin de terre depuis cinquante ans.
« Une heure, c’est trop juste »
Il y fait à peu près tout pousser : pommes de terre, petits pois, tomates, concombres, carottes, salades, radis, haricots verts, ail, oignons… et même des cornichons, depuis qu’il a vu une émission sur des cornichons traités à l’acide. D’ailleurs, lui ne traite pas ses légumes. Je ne mets aucun désherbant. J’ai même arrêté la bouillie bordelaise il y a trois ans », dit celui qui n’a jamais eu besoin d’acheter de légumes.
Mais voilà, le confinement ne facilite pas les nombreuses tâches à accomplir. En une heure, nous n’avons pas le temps de faire grand-chose. Cela passe vite dans un jardin, dit le retraité. Ce qui est dommage, c’est que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. En Indre-et-Loire et dans le Maine-et-Loire, ils ont deux heures. Soixante minutes chrono, c’est trop juste, confirme Patrick Devineau, son voisin de jardin. Le temps de descendre le matériel, il y a déjà un quart d’heure de fichu ! Mais je comprends. Si les autres n’ont qu’une heure et pas nous, ce n’est pas juste.
« Cela fait du bien au moral »
Cette attestation dérogatoire leur offre tout de même une véritable respiration quotidienne. Les trois premières semaines, je ne suis pas sorti de chez moi, dit Michel. Cela me gênait car j’ai trois passions : la pêche, le jardinage et le bricolage. Ma femme me dit toujours : tu devrais y coucher dans ton jardin. J’ai besoin d’y passer tous les jours ! Ils sont tous comme ça, la soixantaine de locataires des Ursulines. Suzanne aussi, qui est en plein nettoyage de sa petite parcelle. Elle n’était pas sortie de chez elle depuis un mois. C’est agréable de venir. Cela fait du bien. Car sinon, le moral, on ne l’a pas avec tout ce qui passe.
« C’est un endroit familial »
Les jardins familiaux offrent également des moments de convivialités précieux en plein confinement. Les rassemblements sont interdits dans les jardins. Mais une personne par jardin, ils arrivent à tolérer », dit Patrick, qui n’a pas vu ses enfants depuis un mois et demi. Ici, on retrouve une ambiance, des gens avec qui discuter. Quand on est là, on n’est pas enfermé. Les jardins familiaux, c’est familial, ça veut bien dire ce que ça veut dire.
Patrick, d’ailleurs, est en train de passer le motoculteur dans le jardin d’un collègue plus âgé. L’autre jour, j’ai arrosé son jardin, complète Michel. Nous nous entraidons, il y a une bonne ambiance.