Un coup de bambou, comme pour tous les Français, voilà comment Francis et Nathalie Hervouet ont vécu l’annonce du confinement. Alors qu’ils se préparaient, avec leurs quatre saisonniers, à ouvrir leur site touristique Les Oiseaux du Marais poitevin, début avril comme depuis dix-neuf ans, l’annonce a tout stoppé. Eux qui proposent, en complément du parc ornithologique, un espace pour les enfants, de la restauration et des balades en barque ou en canoë.
« On est en pleine période de parade nuptiale, le parc offre ce qu’il a de meilleur »
Il a donc fallu s’adapter du côté de Saint-Hilaire-la-Palud. « On savait qu’on n’allait pas rouvrir au moment voulu. Dès le début avril, à tour de rôle, les saisonniers et nous venons pour préparer le parc encore mieux. Nous sommes tous plus ou moins au chômage partiel, chacun compte le nombre d’heures qu’il fait pour l’entreprise. Pour les autres heures, qui ne sont pas faites, c’est le chômage partiel. Nous allons faire cela tant que la trésorerie de l’entreprise le permet », explique Nathalie Hervouet.
Le couple a déjà connu une période de fermeture forcée. Quelques années après son ouverture, le parc doit faire face à l’épisode de grippe aviaire en France. « Cela a été un gros coup dur. Depuis ce jour-là, nous avons appris à être prudents sur la gestion de notre entreprise. On a vraiment failli fermer à ce moment-là. De là, on a pris l’habitude d’avoir une bonne trésorerie. »
En attendant la réouverture, sur place, le travail se poursuit. « On en profite pour faire tous les travaux qu’on n’a pas le temps de faire d’habitude. L’intérêt de venir à tour de rôle est de garder notre équipe motivée. Nous sommes une petite entreprise, à taille humaine. Les gens qui y travaillent sont importants pour nous. Ils sont très attachés à leur outil de travail et ce sont eux qui font la qualité d’accueil de notre site », ajoute Nathalie Hervouet.
Du côté des oiseaux, 75 espèces du Marais poitevin, réparties sur les huit hectares du parc ornithologique, le printemps est là, comme tous les ans. Une période propice aux histoires d’amour. « On est en pleine période de parade nuptiale, le parc offre ce qu’il a de meilleur : ça chante de partout, les aubépines sont en fleur. Dans deux à trois semaines, les premières naissances vont arriver. Nous sommes désolés de ne pas pouvoir le partager avec nos fidèles visiteurs, avec les gens du coin. C’est un “ crève-cœur ” pour nous. »
Aucun souci pour le ravitaillement des pensionnaires à plumes du parc. « Nous avons toujours privilégié le circuit français, le circuit local, quel que soit le régime alimentaire des oiseaux. Pour les graines, maïs et blé, nous travaillons avec des agriculteurs locaux. » Il faut plus de deux tonnes de nourriture chaque mois pour les besoins des oiseaux.
Face à cette crise mondiale sans précédent, Francis et Nathalie Hervouet, et leurs quatre saisonniers, font le maximum pour les futurs visiteurs. Ils étaient 32.000 l’an dernier à profiter de l’espace naturel. « On pense bien fort à eux et on essaie de se préparer à les recevoir au mieux. Les gens vont avoir besoin de cela. » Même si aucune date d’ouverture n’est encore avancée. Et Nathalie Hervouet de conclure : « Même si, économiquement c’est dur pour le secteur touristique, il ne faut pas mettre en l’air tous les efforts du confinement. »