Médecins de ville et hôpitaux observent du fait du confinement une baisse importante du nombre de consultations, ce qui met des patients en danger. N’attendez pas le 11 mai pour consulter ou prendre des rendez-vous, conseillent-ils.
Un point presse en téléconférence a réuni jeudi 30 avril les directeurs des hôpitaux de Niort (Bruno Faulconnier), nord Deux-Sèvres (Pierrick Dieumegard), Haut Val de Sèvre et Mellois (Hervé Maury), de la polyclinique Inkermann de Niort (Cyrille Keriquel), le président du Conseil départemental de l’ordre des médecins (Dr Gacioch), et le directeur de la délégation départementale de l’Agence régionale de santé (Laurent Flament).
Ils dressent tous ce constat : le nombre de consultations et de visites aux urgences a beaucoup baissé depuis l’instauration du confinement. Le Dr Gacioch, pour la médecine de ville, annonce une diminution de l’ordre de 40 % des consultations, avec beaucoup moins de présence de patients à pathologies chroniques. Les hôpitaux de Niort et Nord Deux-Sèvres enregistrent une baisse d’un tiers des visites aux urgences, tout en constatant, ces derniers jours, un petit rebond de fréquentation. Les cas d’AVC et d’infarctus ont ainsi quasiment disparu. La polyclinique Inkermann donne quant à elle le chiffre de 50 % de baisse d’activité aux urgences.
« La peur de déranger le système de santé »
Les causes de cette désaffection ?La peur de déranger le système de santé, la peur de se faire contaminer, pas envie de se déplacer, avance Laurent Flament, de l’ARS. Mais cette attitude, que l’on peut comprendre, entraîne déjà des conséquences graves. À la polyclinique Inkermann, l’on voit aujourd’hui arriver des patients avec des états dégradés. Des personnes souffrant d’un cancer du côlon parvenu au stade de l’occlusion. Il y a des cas d’atteintes visibles de péritonite… Des faits observés à l’échelle de toute la France.
À l’hôpital nord Deux-Sèvres, les médecins ont pris en charge des patients souffrant d’appendicite aggravée :Ça commence par des douleurs abdominales. Le patient attend qu’elles deviennent insupportables pour venir, et leur intestin est perforé.Même triste constat à propos d’AVC ou de malaises cardiaques qui se manifestent d’abord par des douleurs thoraciques qui en temps normal pousseraient à consulter.
Alors que faire ? Retourner consulter bien sûr, sans attendre le 11 mai, prendre des rendez-vous dès maintenant, et ne pas hésiter à se rendre aux urgences, pour éviter tout retard de diagnostic, ou encore pire. Car le système de santé ne s’est jamais arrêté, rappelle Laurent Flament. Et nos établissements sont sûrs. Entendez par là qu’il ne faut pas s’abstenir de consulter par peur de la contamination. C’est encore à l’hôpital que le risque de contamination est le plus faible étant donné les précautions prises », rappelle Bruno Faulconnier. Son homologue de Faye-l’Abbesse renchérit : Nous n’avons enregistré aucun cas de contamination nosocomiale. Leur message à tous est clair : ne faites pas de trêve médicale à cause du confinement, retournez vous faire soigner.
Plus de pathologies psychiatriques
L’hôpital nord Deux-Sèvres fait état, dans son service urgences, d’une baisse des accidents de la route, domestiques et du travail, mais observe une augmentation des pathologies psychiatriques. La rançon du confinement ?