C’est une rencontre en plein air qui remonte à début mars, deux semaines avant le début du confinement. Une éternité dans le contexte actuel. À l’époque, Sébastien Quinault nous avait accueillis au Gaec Le Troupeau rouge, situé au lieu-dit « la Roche aux enfants », à Gourgé. Fin 2019, cet éleveur bovin de 39 ans a remporté la quatrième édition du concours régional des pratiques agro-écologiques, prairies et parcours, organisée par le CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) de Gâtine poitevine. Il succède à Nicolas Paillier, agriculteur lui aussi installé dans la commune. Quatrième génération à travailler au sein de la ferme, Sébastien Quinault s’est d’abord associé avec son père en 2014, avant que celui-ci ne prenne sa retraite en fin d’année dernière. Désormais seul aux commandes, il gère 70 ha de prairies, dont 45 en naturel. « Je pratique le pâturage tournant dynamique et je travaille avec la pousse à l’herbe », explique-t-il. Son troupeau se compose de 25 salers, une race « rustique, bonne laitière » et qui « vit dehors ». « Je ne cherchais pas de gros animaux, mais des animaux qui se nourrissent d’herbes, plutôt que de céréales », explique l’éleveur.
Mêler productivité et environnement
Avec ce petit cheptel, le Gourgéen assure obtenir « des coûts de production très faibles » et de « très bons résultats sur la qualité de la viande ». Une viande qu’il ne commercialise plus avec les coopératives, mais vend en direct entre Nantes et Poitiers. Membre d’une association de valorisation de viande de prairie, il s’est engagé, depuis septembre 2019, dans une conversion en bio de son exploitation. « L’idée n’est pas de faire plus, mais de faire mieux. »
En lice avec trois autres agriculteurs gâtinais – deux à Pompaire et un à La Chapelle-Bertrand –, Sébastien Quinault a obtenu les faveurs du jury du concours régional des pratiques agro-écologiques. C’est une de ses prairies, d’une surface d’un hectare, qui a été retenue par les experts locaux. « Nous avons retenu l’équilibre de cette parcelle et l’utilisation optimisée d’un élevage 100 % plein air », souligne Anthony Benay, chargé d’études au CPIE de Gâtine poitevine, avant d’ajouter : « C’est fondamental d’être un éleveur qui se porte bien et qui s’inscrit dans ce paysage de bocage. » Cette distinction a d’ailleurs vallu à l’éleveur d’être sélectionné au concours général agricole lors du dernier Salon international de l’agriculture à Paris. Engagé dans la catégorie pâturages exclusifs aux côtés de sept participants, il a eu l’occasion de mettre en lumière son projet pour une agriculture respectueuse de l’environnement.