Les 300 professionnels de la coiffure du département reprendront le 11 mai une activité adaptée au contexte sanitaire. L’impatience des clients se manifeste depuis plusieurs jours.
Trente minutes de conversation et un bruit de fond récurrent : celui de la sonnerie du téléphone, qui ne cesse de retentir dans son salon niortais. Sébastien Kugler, président de l’Union nationale des entreprises de coiffure des Deux-Sèvres (UNEC 79), n’est pas un cas isolé. « Nous sommes submergés de coups de fil, depuis une bonne semaine maintenant », indique-t-il, au nom de la profession. Les premières pages de l’agenda de la semaine prochaine sont déjà noircies de rendez-vous, devenus obligatoires. « Nous sommes très attendus. La moitié des gens disent qu’ils sont impatients de se faire coiffer. »
« Le respect de l’hygiène fait partie de nos codes habituels »
Pour faire face à l’afflux, des salons vont étendre leurs plages horaires, voire ajouter une journée de travail. Le personnel, lorsqu’il y en a, pourrait être amené à travailler en équipes.
« On est prêts. Depuis trois semaines, nous sommes tournés vers cette reprise. Ce lundi, nous n’attendons plus que les précisions sur les mesures sanitaires qui seront imposées », indique Sébastien Kugler.
Les coiffeurs ont déjà pris les devants, sachant que « l e respect de l’hygiène fait partie de nos codes habituels ». Des adaptations ont toutefois été nécessaires. Le matériel – qui sera systématiquement désinfecté entre deux clients – a parfois été doublé pour gagner en efficacité. « Via l’UNEC 79, nous avons commandé des masques lavables et des visières. Des collègues ont disposé des parois en plexiglas, entre les bacs ou à la caisse », explique Sébastien Kugler. « Il pourrait aussi être décidé de fermer à clé les salons, dès lors que le nombre maximum de clients pouvant être accueillis sera atteint. » Attendre son tour sur une chaise, en bouquinant, ne sera plus permis. « Le client ne pourra être coiffé que s’il a un masque. On pourra lui fournir, mais il lui sera facturé. »
À défaut de l’achat massif de peignoirs jetables, « qui ne correspond pas à l’idée qu’on se fait de la protection de l’environnement », Sébastien Kugler a préconisé d’augmenter le nombre de peignoirs lavables à disposition dans les salons. « Toutes les trois heures, il faudra lancer une machine avec lessive désinfectante ». Pas question, en revanche, d’envisager l’usage de gants. « Impossible de couper les cheveux avec et inappropriés » insiste le coiffeur. Le lavage des mains sera systématique.
Toutes ces mesures ont un coût, qui sera répercuté sur le prix de la prestation « à hauteur de 50 centimes, un ou deux euros selon les professionnels. Certains envisagent aussi d’appliquer un forfait sanitaire », qui serait donc supprimé une fois la crise passée.
Économiquement, depuis mi-mars, la période a évidemment été rude. Mais les aides mises en œuvre ont permis de passer le cap, selon Sébastien Kugler. « On pense que les entreprises de coiffure vont tenir le choc, sauf celles qui étaient déjà en difficulté auparavant », prédit-il, tout en restant « positif. On a un beau métier. On va y arriver, tous ensemble. »
« Moins facile à domicile »
Sébastien Kugler a noué « beaucoup de contacts avec des coiffeuses à domicile, indispensables socialement et très importantes pour la profession », qui vont également pouvoir reprendre une activité le 11 mai. « Pour nous, en salons, appliquer les mesures est assez simple. C’est moins quand on intervient à domicile. » Certains professionnels pourraient d’ailleurs renoncer à cette prestation, faute de certitudes.
L’autre interrogation de la profession porte sur les apprentis. « Nous sommes très inquiets sur leur recrutement, en prévision du mois de septembre. » Ces deux derniers mois n’ont pas été propices. Les prochaines semaines décanteront peut-être la situation.