Le moment qu’ils attendaient tant est enfin arrivé. Tous les commerçants de la rue Porte-de-Paris ont enfin pu remonter leurs stores et rouvrir les portes aux clients qui, depuis lundi, sont enfin libérés du confinement. « Pour tous les commerçants, le sentiment qui règne est la motivation. Les magasins n’ont jamais été aussi prêts », explique Julien Garnier, président de l’Union des commerçants. Fermés administrativement depuis le 17 mars, à quelques exceptions près, les magasins ont pu être réaménagés pour répondre aux nouvelles normes sanitaires, et les rayons réarrangés pour mieux vendre les produits. « Cela nous a au moins permis de faire ce qu’on n’avait jamais le temps de faire », sourit Julien Garnier.
Reprendre la dynamique
Évidemment, ces deux mois d’arrêt ont pesé lourd dans les finances. « Malgré les aides promises par l’État, il faut avancer les frais et piocher dans notre trésorerie. Et puis, il y a toujours des petites choses à payer, ne serait-ce que les loyers. » Si bien que certains commerces dans lesquels la situation était déjà tendue avant la crise rouvrent sur le fil du rasoir, et leur avenir dépendra de la fréquentation des clients. « Nous espérons que cet épisode aura amené les gens à se dire qu’il vaut mieux consommer local et faire vivre les commerçants de chez soi. Même si la tendance s’observait déjà de plus en plus auparavant », reconnaît le photographe qui a repris le Studio Dupitier.
En effet, la dynamique depuis la fin d’année 2019 et les deux premiers mois de 2020 invitaient à l’optimisme. « Tout le monde était content : on était lancé sur une bonne dynamique. » Une nouvelle réjouissante tant, ces dernières années, de nombreux commerces ont fermé. Reste désormais à savoir si cette pente ascendante va reprendre dès à présent, ou être tuée dans l’œuf. Et si redémarrage il doit y avoir, les professionnels l’espèrent rapidement, pour s’éviter de nouveaux périls. « Si l’État ne prend plus le relais sur le chômage partiel à partir de juin, obligeant les chefs d’entreprises à reprendre à temps plein leurs salariés pour une activité toujours réduite, cela pourrait encore couler des commerces », souffle Julien Garnier. Si d’un côté, les commerçants voulaient reprendre, d’un autre, cette sortie de confinement n’a pas levé toutes les craintes, bien au contraire.
Une bonne journée pour commencer
Pour les commerçants interrogés, le déconfinement constitue une aubaine. Il faut maintenant voir ce bon départ perdurer.
Roger Clavier, Armurerie Clavier : « On espérait voir du monde, nous en avons vu. Les chasseurs, qui n’aiment pas être confinés, étaient chauds bouillants, donc nous sommes plutôt contents. Surtout que nous avons eu de la chance, car mars et avril sont les mois les plus creux pour nous. Par contre, les mesures sanitaires, bien que nécessaires, se révèlent bien contraignantes. »
Jean-Yves Célerain, Chausseur Célerain : « La réouverture était attendue aussi bien pour nous que pour nos clients, car depuis lundi, nous avons vu passer beaucoup de monde. Nous sommes toujours occupés, et ouvrons même dimanche toute la journée, et lundi après-midi. Les clients jouent le jeu, c’est un plaisir. On espère maintenant rattraper le temps perdu. »
Laurence Gastecelle et Chantal Palluault, Brin de Lecture : « Nous avons reçu beaucoup de commandes sur notre site, et par mail. Puis les clients passent. Ils ont eu le temps de lire durant le confinement, et viennent recharger les stocks. Nous avons réalisé une bonne première journée, à la hauteur des espérances. Maintenant, espérons que cela dure au-delà de la semaine de réouverture. En revanche, les mesures sanitaires, bien que nécessaires, nous coupent un peu des rapports humains. Quand tout ça sera fini, on refera comme avant. »