Elle avait fait parler d’elle l’été dernier, déjà, en ramassant les déchets jonchant des plages de la Méditerranée française. Anaëlle Marot, originaire de Missé, mais désormais installée dans le Var, repart ce dimanche, dans un projet certes un peu retardé par rapport à son projet initial, mais toujours plus ambitieux que l’an passé, puisqu’elle aura, depuis l’an dernier jusqu’au 17 septembre, ratissé toutes les côtes françaises de la grande bleue, de la frontière espagnole à la frontière italienne… Et surtout en suivant sa devise : montrer l’exemple sans donner la leçon !
Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur votre projet ?
Anaëlle Marot : « Il a retardé mon départ, puisque je devais initialement partir en avril, durant le confinement. Cela m’aurait permis de me reposer deux mois après mon périple à vélo entre Marseille et Cerbère (voir la carte ci-dessous) et mon aventure en kayak entre Hyères et Menton, tandis que je n’aurai que quinze jours de pause. Mais j’ai mis ce temps à profit. Je me suis renseignée davantage sur l’impact du plastique et les alternatives, je me suis préparée physiquement, et entraînée à réparer mon vélo. » Pensez-vous que les gens auront la tête aux déchets, dans ce contexte ?
Des masques et des gants dans la mer
« Peut-être pas tout le monde. Mais je pense que cette crise a chamboulé nos habitudes et démontré que l’impact de l’homme sur la nature pouvait avoir des conséquences lourdes dans notre quotidien. Beaucoup d’études sérieuses relient l’épidémie à l’activité humaine, et notamment à nos pratiques individuelles. Certains en sont conscients et prêts à changer de mode de consommation. Même s’il faut les y encourager en leur montrant qu’à leur niveau, c’est possible. Si la consommation globale de plastique diminue, il y en aura moins dans la mer. »
L’an passé, beaucoup de gens vous accompagnaient, parfois spontanément, dans votre quête de déchets. On imagine que le contexte actuel change la donne…
« En effet. Nous serons limités à des groupes de dix, parfois plusieurs ensemble répartis sur une même plage, et uniquement sur inscription. De ce fait, nous avons recentré notre objectif pour l’axer moins sur le côté participatif, mais plus sur la communication. »
Le coronavirus a-t-il pu changer la situation, selon vous, en Méditerranée ?
« Oui, elle a changé, car on le voit aux informations, on retrouve maintenant beaucoup de masques et de gants au fond de la Méditerranée. Et puis, la crise a ouvert des opportunités aux fabricants d’emballages en plastique, qui ont connu une hausse d’activité de 20 %, tandis que la tendance devait être à la baisse. Ça n’augure rien de bon."
Par quels moyens allez-vous communiquer ?
« J’espère que la presse suivra mon aventure, comme l’an passé. Mais nous allons également publier régulièrement notre actualité sur notre site, www.projetazur.com, et sur les réseaux sociaux, sur Facebook et Instagram (Projet azur). Et j’espère rencontrer des élus dans certaines communes, pour leur expliquer mon action. En espérant qu’il s’en inspire par la suite. »
Comment ferez-vous pour vous loger ?
« J’ai dans l’idée d’aller acheter une baguette de pain vers 16 h, et de frapper à la porte de maisons avec des jardins, pour savoir si, en échange du pain, les habitants voudront bien me laisser un bout de jardin pour que je plante ma tente pour la nuit. Des amis ont essayé et ça s’est très bien passé. Et c’est aussi une façon de communiquer sur ce que je fais… »
Les objectifs du Projet azur
Lancé en 2019, le Projet azur a pour ambition d’une part de nettoyer, avec les volontaires, les côtes méditerranéennes des nombreux déchets qui la jonchent, notamment des plastiques, voire des microplastiques, des petites particules qui s’avèrent être les plus nocives pour la faune. À l’échelle mondiale, 18 tonnes de plastique viennent s’échouer dans les mers et les océans. Mais lors de ces opérations de nettoyage ou des parutions dans la presse et les réseaux sociaux, Anaëlle Marot compte faire passer un message : il existe des alternatives à ces matériaux, et chacun, s’il y est sensibilisé, peut changer ses habitudes de consommation afin de limiter l’achat, et donc la production de plastiques.
Dans cette édition 2020, Anaëlle Marot s’est fixé quelques objectifs chiffrés, pour son périple, qui se déroule du 31 mai au 17 septembre. Après avoir ramassé 500 kg de déchets l’an passé, elle double ses ambitions et espère retirer une tonne de déchets en tout genre de la grande bleue. Elle va pour cela s’arrêter sur 57 sites sur toute la façade méditerranéenne française (à l’exception de la Corse) à travers un périple qui l’emmènera sur plus de 1.000 km, à vélo ou en kayak. Elle traversera six départements dans deux régions administratives.