Marcelle Huguet, de Tours (Indre-et-Loire), se trouvait à l’étroit dans sa ville. Elle a ainsi rêvé sa première sortie rurale d’après-confinement : « Mon époux et moi, nous nous étions promis de nous rendre dans un lieu dépassant les 100 km pour fêter le déconfinement, phase 2, dès qu’il serait en place ! Glacière et victuailles chargées dans notre modeste cylindrée, les yeux rivés sur le compteur pour faire cette fameuse randonnée, nous voilà partis vers la route du Berry.
Connaître l’agriculture
« Il était convenu que notre pique-nique s’effectuerait au km 101, juste pour le plaisir de fêter la libération. Et là, en milieu champêtre se présentait un endroit charmant placé sur le circuit de George Sand. Un coin d’ombre idyllique nous attendait pour apprécier notre frugal repas.
« Mais notre plaisir fut de courte durée quand un paysan est venu traiter sa culture au glyphosate et un autre répandre du lisier dans son champ. Nous n’avions pas remarqué que, derrière ce petit bois, se trouvait une mare avec une colonie de moustiques inquisiteurs et parfumée d’odeur pestilentielle. « Pour parfaire le tableau, une cohorte de grosses motos, empruntant ce même circuit épistolaire, embaumant l’atmosphère avec leurs pots d’échappement extrêmement polluants et bruyants, venant nous abrutir et nous intoxiquer toutes les trois minutes… agaçait nos oreilles d’un concert de vrombissements !
« Le clou de notre repas froid fut la douche (froide également), involontairement déclenchée par des arroseurs de la parcelle de maïs placée juste à côté. Avoir attendu 78 jours pour subir une telle déconvenue, sans oublier les papiers gras, les gants en plastique et les masques jetés à tout bout de champ, jonchant les talus, les fossés, semblables à des feuilles d’automne que le vent aurait déposé en toute ingratitude, c’est dégradant et désolant !
Préserver l’environnement
« Attendre deux mois et demi de cloisonnement pour retrouver des comportements pareils, le jeu des 100 bornes n’en valait pas la chandelle ! Nous pensions que la France confinée avait réfléchi et changé de comportement, mais non. Elle est restée dans ses (chemins) de travers(e). « Pour une fois que nous mangions à l’extérieur ! Nous, qui attendions cet instant depuis des semaines et des semaines… »