Mardi soir, une équipe de techniciens GRDF s’affaire le long de la départementale 938, au lieu-dit « La Pommeraie », à Pompaire. Après de nombreux tests, ils démarrent le poste d’injection de l’unité de méthanisation, qui permet de redistribuer du biogaz produit dans le réseau de gaz naturel. Avec cette ultime étape, le site, porté par la SAS Métha Bressandière, est désormais opérationnel après un long parcours du combattant (lire par ailleurs). « C’est un grand jour », se félicite Christian Guilbard. Cet éleveur bovin, installé à Vasles et Benassay, est l’un des associés du projet (*).
D’une superficie de 2,2 ha, l’unité de méthanisation se distingue par son bâtiment de stockage. Chaque jour, des semi-remorques déverseront, dans une fosse, les déchets organiques (lisier, fumier, céréales…) provenant des fermes. « Un grappin prend ensuite la matière et la met dans une mélangeuse, avant que l’ensemble ne soit broyé et tamisé », explique Christian Guilbard. A noter que l’outil de production fonctionne en continu et de manière automatisée ; les deux salariés du site assurant le transport et les contrôles.
« Fournir l’équivalent de 1.700 foyers » en biogaz
La matière est ensuite acheminée dans l’un des trois digesteurs. Ces grandes cuves, d’une capacité de 1.900 m3 chacune, constituent « le cœur du dispositif ». C’est ici que sont produits par fermentation le digestat, une matière organique fertilisante destinée à être épandue sur les terres agricoles, et le biogaz, qui sera ensuite redirigé jusqu’au poste d’injection. « Notre capacité de production nous permet de fournir l’équivalent d’environ 1.700 foyers », évalue le promoteur.
Christian Guilbard insiste également sur la limitation des impacts. « Nous avons construit un biofiltre, qui permet d’éliminer les molécules odorantes relâchées à l’air libre. » De même pour les nuisances sonores, limitées avec le passage de deux camions au maximum par jour, ou la sécurité du site. « Nous surveillons la qualité du gaz 24 h/24. Nous avons un système de téléalarme pour pouvoir intervenir en cas de problème à distance, voire sur place », explique Michaël Hitier, référent opérationnel biométhane Sud-Ouest chez GRDF.
Un chantier de 7,2 M €
Resteront les aménagements paysagers aux abords de l’unité de méthanisation à réaliser d’ici cet automne. Une dernière finition pour un projet qui aura coûté plus de 7,2 M € (contre 6,9 M € à l’origine), soutenus par la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Ademe. « C’est une solution qui permet de nous diversifier et de mettre en place un cercle vertueux », insiste Christian Guilbard, qui proposera d’ailleurs une visite publique lors de l’inauguration des lieux, d’ici la fin de l’été. (*) La SCEA Guilbard, SCEA de la Métairie et Fabienne Guilbard, représentés par Christian Guilbard, le Gaec Robert, la SCEA de La Grande Carimière et la coopérative Centre Ouest Céréales.
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Imaginée en 2014, l’unité de méthanisation de Pompaire a mis du temps à se concrétiser. Initialement prévu dans la Zac de la Bressandière à Châtillon-sur-Thouet, le site à vocation industrielle doit finalement s’établir sur un ancien terrain de kart-cross, dans la zone économique des Grandes Noulières, à Pompaire. La nouvelle suscite l’inquiétude de plusieurs habitants qui décident de créer, en 2016, une association d’opposition au projet, Bon Air Pompaire. Mais en janvier 2017, les promoteurs décident de changer le lieu d’implantation - un champ privé situé au bord de la D938 - sans attendre l’avis (négatif) du commissaire-enquêteur dans le cadre de la révision simplifiée du plan local d’urbanisme. Par ailleurs, ils redimensionnent le projet, désormais agricole, face au retrait de la Société d’abattage de la Bressandière. Après une présentation du dossier à la population et malgré des tensions avec Bon Air Pompaire, le dossier est validé, le 4 juin 2018, par les préfets des Deux-Sèvres et de la Vienne. Les travaux de construction démarrent en novembre et l’unité de méthanisation doit être en service un an plus tard. « Mais nous avons perdu neuf mois à cause du troisième digesteur, où il a fallu redéposer un permis, des intempéries et du confinement », explique Christian Guilbard, l’un des associés du projet.